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et que celui des ambassadeurs étrangers qui se trouvait, à cette époque, le doyen de ce corps, portât la parole en son nom. Plusieurs fois cette mission était échue à l’ambassadeur de Russie, qui s’en était acquitté sans embarras, comme eût fait tout autre de ses collègues ; le 1er mai 1834, entre autres, et aussi le 1er janvier 1835, le comte Pozzo di Borgo, alors doyen des ambassadeurs présens à Paris, avait été auprès du roi, avec une parfaite convenance, l’organe de leurs sentimens[1], Depuis mon entrée au ministère des affaires étrangères, en 1840 et 1841, c’était l’ambassadeur d’Autriche, le comte Appony, qui s’était trouvé le doyen du corps diplomatique et qui avait porté la parole en son nom. Dans l’automne de 1841, le comte Appony était absent de Paris, et son absence devait se prolonger au-delà du 1er janvier 1842. Le comte de Pahlen, alors ambassadeur de Russie et doyen, après lui, du corps diplomatique, était naturellement appelé à le remplacer dans la cérémonie du 1er janvier. Le 30 octobre 1841, il vint me voir et me lut une dépêche, en date du 12, qu’il venait de recevoir du comte de Nesselrode ; elle portait que l’empereur Nicolas regrettait de n’avoir pu faire venir son ambassadeur de Carlsbad à Varsovie, et désirait s’entretenir avec lui, qu’aucune affaire importante n’exigeant en ce moment sa présence à Paris, l’empereur lui ordonnait de se rendre à Saint-Pétersbourg, sans fixer d’ailleurs avec précision le moment de son départ. Le comte de Pahlen ne me donna et je ne lui demandai aucune explication, et il partit de Paris le 11 novembre suivant.

  1. Le 1er mai 1834, le comte Pozzo di Borgo, au nom du corps diplomatique, dit : « Sire, en offrant à votre majesté l’hommage de son respect dans cette occasion solennelle, le corps diplomatique est heureux de pouvoir l’accompagner de ses félicitations sur la bonne harmonie qui règne entre toutes les puissances, et qui les unit dans la ferme et salutaire résolution d’assurer aux Nations les bienfaits de la paix, et de la garantir contre les passions et les erreurs qui tenteraient de la troubler.
    « Nous sommes convaincus, sire, que nous ne saurions nous approcher de vous sous des auspices plus favorables et avec des sentimens plus conformes à ceux de votre majesté, ni la prier à de meilleurs titres de daigner agréer les vœux que nous formons pour votre bonheur, sire, pour celui de votre auguste famille et de la France. »
    Et le 1er janvier 1835, le même ambassadeur porta ainsi la parole : « Sire, en adressant à votre majesté, il y a un an, ses hommages et ses félicitations, le corps diplomatique faisait des vœux pour la continuation de cette bonne harmonie entre les souverains qui assure aux nations confiées à leurs soins les bienfaits de la paix et les avantages inappréciables qui l’accompagnent toujours. Ces vœux, sire, se sont heureusement réalisés, et le passé ajoute une nouvelle et forte garantie en faveur de ce que tous les hommes bien intentionnés ont droit d’espérer et d’attendre de l’avenir.
    « C’est dans cette conviction que les représentans de tous les gouvernemens renouvellent aujourd’hui à votre majesté les mêmes hommages et les mêmes félicitations, persuadés, sire, que vous daignerez les accueillir avec les sentimens qui nous les ont inspirés. Nous y ajoutons, sire, ceux qui nous animent pour votre bonheur, pour celui de votre auguste famille et de la France. »