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Page:Revue des Deux Mondes - 1861 - tome 31.djvu/18

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d’égards et de politesse reprennent leur cours habituel. C’est dans cette pensée que je vous ai autorisé, dès le 18 novembre dernier, à vous présenter chez l’empereur et à lui rendre vos devoirs, selon l’usage, le premier jour de l’année. Vous semblez croire que le cabinet de Saint-Pétersbourg pourra vouloir donner d’autres marques de son mécontentement : tant que ce mécontentement n’irait pas jusqu’à vous refuser ce qui vous est officiellement dû en votre qualité de chef de la mission française, vous devriez ne pas vous en apercevoir ; mais si on affectait de méconnaître les droits de votre position et de votre rang, vous vous renfermeriez dans votre hôtel, vous vous borneriez à l’expédition des affaires courantes et vous attendriez mes instructions.

« J’apprécie, monsieur, les difficultés qui peuvent s’élever pour vous. J’ai la confiance que vous saurez les résoudre. Le prince et le pays que vous représentez, le nom que vous portez, me sont de sûrs garans de la dignité de votre attitude, et je ne doute pas qu’en toute occasion vous ne joigniez à la dignité cette parfaite mesure que donne le sentiment des convenances et du bon droit. »


« M. Guizot à M. Casimir Périer.

« Paris, 5 janvier 1842.

« Je voudrais bien, monsieur, pouvoir vous donner les instructions précises et détaillées que vous désirez ; mais à de telles distances et quand il s’agit des formes et des convenances de la vie sociale, il n’y a pas moyen. Les choses ne peuvent être bien appréciées et réglées que sur les lieux mêmes, au moment même, et par ceux qui en voient de près les circonstances et les effets. Je ne saurais vous transmettre d’ici que des indications générales. Je m’en rapporte à vous pour les appliquer convenablement. Ne soyez pas maintenant exigeant et susceptible au-delà de la nécessité. Ce que nous avons fait a été vivement senti ici comme à Pétersbourg. L’effet que nous désirions est produit. On saura désormais que les mauvais procédés envers nous ne passent pas inaperçus. Quant à présent, nous nous tenons pour quittes et nous reprendrons nos habitudes de courtoisie. Si on s’en écartait envers vous, vous m’en informeriez sur-le-champ. Ce courrier ne vous arrivera qu’après le jour de l’an russe. Si vous avez été averti, selon l’usage, avec tout le reste du corps diplomatique, du moment où vous auriez à rendre vos devoirs à l’empereur, vous vous en serez acquitté comme je vous l’avais prescrit le 18 novembre dernier. Si vous n’avez pas été averti, vous m’en aurez rendu compte, et nous verrons ce que nous aurons à faire. J’ai causé de tout ceci avec M. de Barante, et nous ne prévoyons