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« Si M. de Nesselrode vous parlait de mon entretien avec M. de Kisselef et de ce que je lui ai dit, montrez-vous instruit de tous les détails, et en gardant la réserve qui convient à votre position, donnez à votre langage le même caractère et portez-y la même franchise.

« Je n’ai parlé ici à personne, dans le corps diplomatique, de cet incident. J’ai lieu de croire que les plus légers symptômes de rapprochement entre Saint-Pétersbourg et nous sont, à Vienne, à Berlin et à Londres, un sujet de vive sollicitude, et qu’on n’épargnerait aucun soin pour en entraver le développement. Gardez donc, avec le corps diplomatique qui vous entoure, le même silence, et s’il vous revient qu’on y ait quelque connaissance des détails que je vous transmets, informez-moi avec soin de tout ce qu’on en pense et dit.

« Le rétablissement des bons rapports entre la France et l’Angleterre, le langage amical des deux gouvernemens l’un envers l’autre, sont certainement pour beaucoup dans les velléités de meilleures dispositions qui paraissent à Saint-Pétersbourg. Observez bien ce point de la situation, et l’effet autour de vous de tout ce qui se passe ou se dit entre Paris et Londres.

« P.-S., 14 avril.

« Je rectifie ce que je vous ai dit au commencement de cette lettre. Je vous envoie une dépêche à communiquer à M. de Nesselrode en réponse à celle qui a amené mon entretien avec M. de Kisselef. En lui en donnant lecture, dites-lui que j’ai développé à M. de Kisselef, dans une longue conversation, les idées qui y sont exprimées, et ayez dans votre poche le compte-rendu que je vous envoie de cette conversation, pour pouvoir vous y référer, si M. de Nesselrode vous en parle avec quelque détail.

« Conformez-vous du reste aux autres instructions que je vous ai données ci-dessus. »

La dépêche officielle que je chargeais M. d’André de communiquer au comte de Nesselrode était datée du 14 avril et conçue en ces termes :

« Monsieur le baron,

« M. de Kisselef m’a donné communication de trois dépêches que lui a adressées M. le comte de Nesselrode en date du 21 mars. Deux de ces dépêches ont trait aux affaires de Servie et de Valachie. Je vous en entretiendrai d’ici à peu de jours. La troisième exprime la satisfaction que le cabinet de Saint-Pétersbourg a éprouvée en apprenant l’issue de la discussion sur les fonds secrets et l’affermissement du ministère. M. le comte de Nesselrode rend une pleine justice à notre politique pacifique et aux principes conservateurs que nous avons constamment soutenus. J’ai reçu cette manifestation du