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Page:Revue des Deux Mondes - 1861 - tome 31.djvu/593

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LA
COMTESSE D’ALBANY

II.
LA REINE D’ANGLETERRE ET VICTOR ALFIERI.

Die Gräfin von Albany, von Alfred von Reumont, 2 vol. Berlin 1860.

La comtesse d’Albany s’était installée à Paris avec Victor Alfieri à la fin de l’année 1787. On a vu l’espèce d’humiliation morale que lui infligea la Providence. La duchesse Charlotte entrant dans la maison de Charles-Édouard, l’enfant abandonnée venant au secours de l’époux abandonné, la fille naturelle remplaçant la femme légitime et exerçant auprès du vieillard sa pieuse et salutaire influence, c’étaient làdes contrastes qui devaient péniblement frapper la fière comtesse. Nous ne faisons pas ici de vaines conjectures ; Mme d’Albany avait l’âme trop haute pour ne pas sentir tout ce que cette situation offrait de poignant. Ce fut, bien autre chose encore lorsque la duchesse Charlotte, après avoir rallumé une étincelle dans le cœur éteint du héros, lui ferma si doucement les yeux et le suivit au fond de la tombe. Ce suprême épisode avait dès lors sa signification tout entière, et les termes dont se sert Alfieri, si incomplets qu’ils soient, prouvent assez que rien n’avait échappé à la con cience coupable,. « elle ne fut pas, dit-il, médiocrement atteinte. »