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mais le Harz trouva un appui et un défenseur très chaleureux dans un éminent ingénieur français, M. Héron de Villefosse. Il éprouva promptement pour les douces et laborieuses populations de ces montagnes une sympathie que ressentent tous ceux qui les habitent ou les ont seulement parcourues ; il empêcha qu’on ne ruinât les mines, et avec elles toutes les espérances de ceux qui en vivent. Aussi son nom est-il vénéré dans le Harz, et aujourd’hui encore on ne le prononce qu’avec un sentiment d’affection dont l’expression est bien faite pour toucher le voyageur français.

Le gouvernement du district est confié au conseil des mines, qui jouit d’une autorité souveraine. Ce conseil est présidé par un gouverneur, le seul personnage qui représente directement la couronne. Il se compose de cinq membres, dont l’un représente l’intérêt des mines et usines à plomb, argent et cuivre ; le second, l’intérêt des mines et usines à fer ; le troisième, celui des forêts ; le quatrième s’occupe des questions d’administration proprement dites, et le cinquième de toutes les matières litigieuses. Tous les ans, le conseil élabore un projet de budget, et fait les propositions qui concernent les grands travaux conçus dans des vues d’avenir. Le budget est voté d’ordinaire, sans nulle opposition, par les chambres hanovriennes. Le Harz même envoie deux députés à la Chambre basse : ils sont nommés par les magistrats municipaux et par un nombre double d’habitans des communes, choisis eux-mêmes par tous ceux qui possèdent une maison ou paient des impôts directs. Un simple mineur peut ainsi être électeur au premier et même au second degré.

En protégeant les intérêts du Harz, l’état rend un service indirect aux provinces qui entourent cette région, et leur assure un marché permanent. La montagne ne produit en effet presque rien de ce qui est nécessaire à l’alimentation de ses nombreux habitans : les forêts la recouvrent presque entièrement[1]. L’état, qui en est propriétaire, ne les défriche pas, et songe au contraire à en étendre la surface, tant sont grands les besoins des mines sous ce rapport. On entend souvent dire dans le Harz qu’il y a au fond des mines des forêts plus considérables que celles de la superficie : cet adage ne paraît plus exagéré quand on voit l’immense quantité de bois employée pour soutenir les galeries où se fait le travail souterrain, et qu’on calcule la longueur totale de toutes ces galeries.

  1. A côté de 200,000 morgen de bois 52,420 hectares), il y a seulement 20,000 morgen 5,242 hectares) environ de terrains réservés pour les cultures, les villes et les villages ; encore les conditions de la propriété y sont-elles des plus singulières : l’état ne fait en quelque sorte que concéder ces terrains, et il peut les racheter à très bas prix pour faire des fouilles, élever des bâtimens, et en général toutes les fois qu’il en a besoin dans l’intérêt de l’industrie métallurgique.