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LA
COMTESSE D'ALBANY

III.
L'AMIE D'ALFIERI ET LA SOCIETE EUROPEENNE.

Die Gräfin von Albany, von Alfred von Reumont, 2 vol. Berlin 1860.

La mort d’Alfieri ouvre une période nouvelle dans la vie de Mme d’Albany. Si douloureuse que fût l’heure de la séparation, cette mort, il faut bien le dire, était un affranchissement pour la comtesse. Il paraît certain qu’elle avait aimé Fabre avant qu’Alfieri fût descendu au tombeau ; il est certain aussi que la misanthropie toujours croissante du poète l’avait condamnée pendant ces derniers temps à une solitude bien contraire à ses goûts. Elle se résignait sans doute, car elle était débonnaire et soumise ; elle demandait à l’étude des consolations, elle passait des journées entières plongée dans ses lectures. Qui oserait dire pourtant que sa résignation, fût complète ? Qui oserait affirmer qu’à la mort de son amant, au milieu de sa douleur et de ses larmes, elle ne se sentit pas, sans se l’avouer à elle-même, plus légère, plus à l’aise, et comme débarrassée d’une chaîne pesante ? Toutes ces Maintenons, occupées à distraire des rois malheureux et irrités, finissent toujours par laisser éclater leur ennui ; Mme d’Albany, une fois séparée de son poète, ne prononce