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première ne touchait qu’à des questions d’ordre économique ; elle pouvait se résoudre entièrement par voie administrative, et la limite de l’abaissement des tarifs n’était fixée que par des considérations budgétaires et statistiques, La réforme télégraphique soulève des difficultés plus nombreuses. La télégraphie n’est pas seulement une branche de l’administration publique, c’est aussi une science, et jusqu’à présent ceux qui ont songé à la réformer ont surtout porté leur attention vers les perfectionnemens qui touchent à la physique, à la chimie, à la mécanique. C’est dans la découverte d’appareils plus ingénieux qu’ils ont cherché la solution du problème des tarifs réduits ; mais pour être convenablement résolue, cette question doit être étudiée au point de vue administratif aussi bien qu’au point de vue technique. Cette tâche a été récemment entreprise par un ancien inspecteur des télégraphes, sorti de l’École polytechnique, M. Gustave Marqfoy. Dans des pages lumineuses et pleines d’intérêt, il propose, outre l’adoption d’un nouvel appareil de son invention, toute une série de mesures destinées à simplifier le service, à le généraliser, à faciliter les rapports du public avec l’administration. On sent pourtant qu’en sa qualité d’inventeur, M. Marqfoy a une prédilection particulière pour le côté technique de son sujet ; il ne considère une réforme administrative comme possible qu’autant qu’elle serait fondée sur l’emploi de ses appareils.

Lorsqu’on examine la question des tarifs télégraphiques sans préoccupation de ce genre, on est tout étonné de voir que l’on a peut-être en réalité moins à attendre des progrès de l’ordre scientifique que des mesures qui auraient pour effet de diminuer les frais généraux du service. Parmi celles qui pourraient atteindre ce but, il en est une, la plus efficace à notre avis, qu’il faut s’étonner de n’avoir pas encore vu recommander dans notre pays, parce qu’elle a déjà reçu ailleurs, notamment en Belgique et dans quelques parties de l’Allemagne, la sanction de l’expérience : c’est la fusion des deux administrations des postes et des télégraphes. Reliée aujourd’hui par les liens les moins naturels au ministère dont elle fait partie, l’administration télégraphique acquerrait la force qui lui manque si elle entrait dans les cadres de son aînée, l’administration postale, si puissante, si expérimentée, si admirablement organisée. Qu’on imagine dans la moindre petite ville de province le bureau des postes devenu en même temps bureau télégraphique : quel avenir ouvert au nouveau mode de communications ! Cette fusion deviendra d’autant plus, facile que les appareils électriques seront plus commodes à manœuvrer. Ainsi la question scientifique revient d’elle-même se mêler aux considérations administratives. À cause de cette connexité profonde, le sujet comprend nécessairement deux parties : la première embrassera l’histoire de la législation des tarifs, la