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Page:Revue des Deux Mondes - 1861 - tome 31.djvu/911

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substituer une machine automatique à la main qui transmet actuellement les dépêches. Dans son système, « une dépêche se présente ; elle est remise à un employé qui la compose aussitôt par points et lignes d’après l’alphabet Morse ; il dispose ces points et ces lignes en relief à la surface d’un cylindre. La dépêche composée est revue, vérifiée, corrigée s’il y a lieu ; il ne reste plus qu’à la livrer à la transmission. Le cylindre est alors placé sur une machine qui lui donne un mouvement de rotation uniforme. Par un jeu analogue à celui des cylindres d’orgue, à mesure que le mouvement de rotation fait passer les points et les lignes près de l’extrémité d’un levier, ces points et ces lignes soulèvent ce levier pendant un temps proportionnel à leur longueur ; or, comme on fait produire au soulèvement du levier le même effet électrique que celui produit par l’abaissement de la poignée du système Morse, on voit que chaque ligne ou point du cylindre remplace un mouvement de la main effectué dans la transmission actuelle. »

Avec son appareil, M. Marqfoy offre de transmettre, sans interruption tant que la communication est bonne, vingt-cinq mots par minute, c’est-à-dire 18,000 mots ou 900 dépêches de vingt mots par journée de douze heures, c’est-à-dire encore 328,000 dépêches par an. Même en tenant compte de dérangemens qui, suivant lui, ne paralysent les appareils que pendant les trois vingtièmes du temps, et de l’état incomplet du réseau, qui oblige souvent des postes à rester dans l’inaction, et à communiquer entre eux pour régler leur action réciproque, il espère dès aujourd’hui réaliser pratiquement les trois quarts de 900 dépêches, soit 675 dépêches par appareil et par jour.

De quelle manière le succès a-t-il répondu à ces espérances ? Une note officielle de l’administration télégraphique va nous l’apprendre. « Pendant plusieurs mois, M. Marqfoy a fait, avec le concours de l’administration, des expériences nombreuses entre Paris et Bordeaux. Les résultats ont été malheureusement bien loin de ce qu’on espérait : on n’a jamais pu transmettre correctement avec une vitesse constante supérieure à la vitesse habituelle ; on était presque toujours obligé, pour s’entendre, de recourir aux moyens ordinaires. Malgré cet échec, et sur la demande de M. Marqfoy, de nouveaux essais ont été tentés pendant dix-sept nuits consécutives entre Paris et les principales villes de France, en présence d’une commission composée de fonctionnaires de l’administration. M. Marqfoy a dirigé lui-même ces expériences ; les procès-verbaux des séances ont été tenus sous ses yeux, et il les a signés. Voici les plus grandes vitesses obtenues dans le cours de ces séances, dont chacune a duré quatre heures en moyenne : — de Paris à Marseille 14 mots par minute, — à Bordeaux 24, — à Lyon 25, — à Strasbourg 31, — à