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Nancy 32, — à Tours 38. Ces nombres n’indiquent que des vitesses exceptionnelles, atteintes pendant quelques minutes seulement et après de longs tâtonnemens. En restreignant à dix-huit ou dix-neuf mots la vitesse entre Paris et Bordeaux, on constatait encore très souvent trop de mots illisibles pour assurer un service régulier. Et cependant ces expériences ont été faites dans les conditions les plus favorables, par un très beau temps et pendant la nuit, c’est-à-dire au moment où l’essai sur le fil ne pouvait être troublé par les transmissions sur les autres fils de la même ligne. En présence de semblables résultats donnés par une machine fort chère, aussi incommode que volumineuse, d’un entretien coûteux (on ne parle de rien moins que d’un moteur à vapeur pour faire tourner les cylindres), devant la nécessité d’ailleurs évidente d’une augmentation très considérable du personnel d’exploitation, la commission a été unanime pour condamner le procédé de M. Marqfoy. »

Depuis l’époque où ces essais ont eu lieu, MM. Digney, très habiles mécaniciens qui déjà ont apporté à l’appareil Morse des perfectionnemens importans, ont modifié l’ancien système électro-chimique de Bain, et ont imaginé une transmission automatique très facile et très ingénieuse. Malheureusement la vitesse ainsi obtenue n’est pas en rapport avec la faculté de transmission actuelle de nos lignes, et il a fallu renoncer de même à cet appareil. C’est donc une illusion de vouloir perfectionner l’art télégraphique en remplaçant la main de l’expéditeur par une machine et en accélérant la vitesse de transmission ; il ne suffit pas d’envoyer rapidement une dépêche, il faut avant tout qu’on puisse la lire dans le récepteur. Le progrès immédiat consisterait plutôt à diminuer le nombre des signaux nécessaires pour produire une lettre de l’alphabet, puisque chacun de ces signaux exige l’envoi d’un courant électrique, et que c’est précisément le mélange de ces courans qui rend les signaux illisibles. Sous ce rapport, l’alphabet Morse a de sérieux désavantages ; il exige de un à quatre signaux pour une lettre. En tenant compte de la fréquence plus ou moins grande des lettres de l’alphabet dans les mots, on a calculé que 100 mots comprenant 492 lettres exigent 1,297 signaux ou émissions de courans. Les appareils imprimeurs qui pourraient reproduire chaque lettre à l’aide d’une seule émission de courant auraient sur l’appareil Morse un très grand avantage, s’ils pouvaient présenter la même simplicité dans toutes leurs parties. C’est malheureusement par la complication que pèchent la plupart de ces instrumens : l’un d’entre eux cependant, inventé par M. Hughes, professeur américain, paraît fonctionner d’une manière suivie aux États-Unis et y donne de bons résultats. Cet appareil a été récemment essayé au bureau télégraphique du ministère de l’intérieur, où je l’ai vu en activité. Le manipulateur est un clavier