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Quelques-unes de ces plaines, comme celles qui environnent Stockton ou Marysville, forment des campagnes plantureuses ou des jardins semés de fleurs ; d’autres, comme celle de Folsom aux environs de Sacramento ou celle de Tulare dans le sud, sont couvertes de marécages. Les émanations malsaines de ces lieux humides provoquent quelquefois la fièvre ; mais ce cas est exceptionnel, et le climat de la Californie est partout ailleurs d’une salubrité sans exemple. Deux chaînes de montagnes traversent le pays. L’une, parallèle à la ligne du rivage, va du nord-ouest au sud-est ; elle porte le nom de Coast-Range ou chaîne de la côte ; le massif en est granitique et schisteux, des sapins couvrent les cimes les plus élevées. La seconde chaîne, qui suit à peu près la même direction, pénètre plus avant dans les terres ; c’est la Sierra-Nevada, qui a gardé son nom mexicain ; elle est à une distance de près de trois cents lieues des Montagnes-Rocheuses, après lesquelles seulement on rencontre les immenses plaines que les Américains de l’Atlantique appelaient naguère le far west, c’est-à-dire l’extrême ouest.

Le massif de la Sierra-Nevada est essentiellement composé de roches granitiques. Les pics y atteignent parfois jusqu’à 2 et 3,000 mètres d’élévation. Il existe des chaînons intermédiaires, parallèles à la chaîne principale, qui s’élèvent à 16 ou 1,800 mètres, ainsi qu’un système de contre-forts secondaires détachés du rameau principal. Toutes ces montagnes découpent des vallées qui sont arrosées par des cours d’eau. Les sables et les terres déposés dans le lit de ces rivières, comme dans le fond des ravins, ainsi qu’aux flancs des vallées elles-mêmes et jusque sur certains plateaux quelquefois très élevés, sont généralement aurifères. Ces dépôts constituent ce qu’on nomme les placers, et l’or y a été entraîné avec les alluvions. Il ne faut pas confondre les placers avec les mines, où la matière stérile qui accompagne le précieux métal est toujours le quartz ou cristal de roche compacte. Les mines et les placers aurifères exploités jusqu’à ces dernières années sont situés sur les montagnes et dans les vallées qui dépendent du versant occidental de la Sierra-Nevada, c’est-à-dire celui qui regarde le Pacifique. Les terrains aurifères s’étendent ainsi en Californie sur une longueur de près de deux cents lieues et une largeur moyenne de vingt-cinq ou trente ; mais ils apparaissent de nouveau dans tout l’Oregon et jusque dans la Colombie britannique, où se trouvent les fameux placers de Fraser-River. Ces gisemens s’étendent sur une longueur presque double de celle des premiers. Le versant oriental de la Sierra-Nevada est au moins aussi riche que le versant occidental. Ainsi dans le territoire de l’Utah, limitrophe de la Californie, les mines d’or de Walker-River, découvertes en 1858, et celles d’argent de Washoe-Lake, en 1859, ont donné et donnent encore des produits d’une richesse fabuleuse.

L’exploitation des placers californiens, très florissante de 1849 à 1852, a commencé depuis lors à décroître ; celle des mines, dont l’origine remonte aux années 1851-52, a suivi toujours une période ascendante. L’or se retire