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Australie et en Chine. En mer, la pêche est aussi très fructueuse, celle de la baleine dans la baie de Monterey, celle du maquereau dans le sud de la Californie. Enfin la pêche aux huîtres, non loin de San-Francisco, et celle des perles, vers la Basse-Californie, sont chacune d’un grand revenu.

Les terrains qui constituent le sol californien sont surtout composés de schistes micacés, talqueux et ardoisiers, que traversent en divers endroits des roches de formation ignée. Ces roches sont principalement, après les granites, les serpentines, les diorites et les grünsteins, toutes trois confondues dans le pays sous le nom générique de green stones ou pierres vertes. En quelques points se montrent aussi des roches basaltiques et des coulées de laves, indices de volcans jadis en activité. L’éruption des roches granitiques a donné au sol de la Californie son relief presque définitif, et disjoint les couches feuilletées des schistes, pour y former ces immenses fissures par lesquelles se sont fait jour, du centre de la terre à la surface, les filons ou veines de quartz aurifère. L’affleurement de ces filons, c’est-à-dire la partie qui se montre au dehors, est situé beaucoup au-dessus du niveau des vallées adjacentes, et c’est sans doute à la dénudation de ces affleuremens par les eaux torrentielles qu’il faut attribuer l’existence et le dépôt de l’or dans les placers.

Sur les points élevés du sol, les terres, en Californie, ne sont pas encore cultivées. Dans les comtés montagneux, on ne rencontre guère que des jardins potagers et fruitiers à proximité des villes et des mines, et quelques ranchos ou fermes, où l’on récolte des céréales. Dans les plaines au contraire, l’agriculture est très développée et perfectionnée. Tout ce que la terre peut donner dans les contrées chaudes et même tropicales apparaît dans le sud ; les productions des pays tempérés se montrent dans le centre et dans le nord. L’abondance et le volume des fruits tiennent du merveilleux. Aux abords des principales villes, on rencontre dans les jardins les fleurs les plus rares, les plantes les plus délicates, venues des pays les plus divers. Cependant la végétation naturelle du sol californien est loin de faire soupçonner une pareille fécondité. Dans les parties qui ne sont point encore défrichées, la terre vierge n’est couverte que par des bruyères, des marronniers sauvages, et par les tiges d’un arbuste particulier qu’on nomme le manzanillo. Les Indiens utilisent la petite pomme qu’il produit pour en fabriquer, par la fermentation, une sorte de cidre qu’ils boivent à défaut d’eau-de-vie. Cette végétation primitive rappelle, à s’y tromper, surtout par l’abondance des bruyères, les maquis de la Corse et de la Toscane. Aux bruyères et aux marronniers nains se mêlent çà et là diverses variétés de pins et de chênes, qu’on emploie, le chêne surtout, comme bois de chauffage. Sur quelques points, principalement sur les landes et les plateaux incultes, croît l’herbe à savon, véritable oignon sauvage, dont les Indiens emploient le bulbe qui fait mousser l’eau. Enfin, au milieu des chênes et sur le flanc des montagnes, apparaît ce dangereux arbuste qui s’appelle la