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construction habituelle des maisons. Celles-ci sont encore presque toutes bâties en bois, sauf dans un rayon déterminé, où l’on ne tolère plus comme matériaux de reconstruction, après un cas d’incendie, que la pierre, la brique ou le fer. Les maisons américaines sont toujours d’une très grande élégance, même extérieure, et il est difficile de se faire une idée du luxe et du bon goût que les Yankees, grossiers sous tant d’autres rapports, déploient dans l’édification et l’ameublement de leurs demeures.

Si l’on désire, connaître comment se groupe la population de l’une des principales villes de Californie, il faut prendre la plus importante, San-Francisco. La population de cette ville était en 1859 d’à peu près 80,000 habitans, La population male et de race blanche comprenait environ 50,000 individus, dont la neuvième partie seulement formée d’étrangers : Français, Allemands, Espagnols des colonies, etc. Le chiffre des femmes n’atteignait guère que la moitié de celui des hommes. Le restant de la population se composait d’environ 4,000 Chinois et 1,600 nègres. Sur une population juvénile comptant 7,767 Individus de cinq à dix-huit ans, 6,201 fréquentaient les écoles, et ce qu’il y a de curieux, le nombre des garçons, 3,885, était, à deux unités près, égal à celui des filles, 3,883. Un journal du pays s’est réjoui de ce fait en rappelant l’année 1852, où il n’y avait encore à San-Francisco qu’une femme pour sept hommes.

Les chiffres d’après lesquels se groupent les principales professions sont curieux à noter. On a calculé qu’au mois de juillet 1860 il existait à San-Francisco 800 liquoristes. Après eux vient l’honorable corporation des épiciers, dont les membres sont au nombre de 373 ; puis apparaissent les avocats, qu’on retrouve partout en rangs serrés, 288, et derrière ceux-ci les tailleurs et les marchands d’habits, dont le chiffre est à peu près égal au précédent, ainsi que celui des hôteliers. Les médecins, venus souvent on ne sait d’où, et les courtiers, qui n’encombrent pas la place, bien qu’il n’y ait aucun monopole, atteignent les uns et les autres presque le chiffre de 200. Les bouchers, les débitans de tabac, qui font d’excellentes affaires, les marchands de nouveautés, dont beaucoup sont Français, les charpentiers, enfin les coiffeurs et les barbiers, que l’on retrouve en Amérique jusque sur les bateaux à vapeur, gravitent, dans chaque catégorie, entre les nombres de 100 et 150. Toutes les autres professions, baigneurs, armuriers, imprimeurs, chapeliers, etc., n’égalent pas ensemble le seul chiffre des débitans de liqueurs.

La population des centres miniers californiens, des camps, comme on les nomme, est distribuée d’une manière un peu différente. Cette population rappelle encore, bien que de fort loin, les mouvemens orageux de la première immigration. Elle se compose essentiellement de marchands et de boutiquiers faisant le gros et le petit commerce, d’hôteliers, aubergistes et logeurs en garni, de liquoristes et cafetiers, toujours en majorité comme à San-Francisco, de bouchers et de boulangers, etc. Les races se partagent à