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s’établissait en Écosse. Plus tard, en 1639, l’implacable cardinal poussait la flotte hollandaise à venir attaquer, dans les mers anglaises, sous les yeux et sous les canons de la flotte anglaise, les vaisseaux espagnols d’Oquendo, pour la protection desquels le cardinal-infant, gouverneur des Pays-Bas, avait promis subside à Charles Ier. L’escadre espagnole fut traitée par van Tromp comme l’a été de nos jours l’escadre turque, de Sinope. Et tandis que la populace côtière disputait leurs épaves aux matelots hollandais, le vice-amiral anglais, sir John Pennington, qui était à l’ancre dans les Dunes avec trente-quatre vaisseaux de guerre, se contentait, pour sauvegarder le principe de protection, d’un simulacre de canonnade.

Ces préliminaires historiques avaient pour but de préparer le lecteur à bien comprendre, — malgré le silence que gardent sur ce point la plupart de nos historiens, — le rôle joué dans une des phases les plus importantes de la révolution d’Angleterre par les agens de la politique du cardinal à Londres, et notamment par un de nos compatriotes jusqu’ici parfaitement inconnu. Le capitaine Hercule Langres était, dans les derniers mois de 1641, attaché d’une manière plus ou moins ostensible à l’envoyé français à Londres, M. de Montreuil. Homme de ressources, — nous le verrons bien, — homme d’esprit aussi, et, selon la mode du temps, fort empressé à « faire sa cour aux dames, » il avait noué des relations épistolaires avec une personne dont le nom est arrivé jusqu’à nous pour avoir figuré dans un incident du règne de Charles Ier, fort antérieur à ceux dont nous venons de parler.

Lorsqu’au mois de juin 1625 la fille d’Henri IV, sœur de Louis XIII, alla prendre place sur le trône d’Angleterre, elle y mena une suite assez nombreuse, composée en grande partie de dames d’atours, de pages et de vingt-neuf ecclésiastiques, dont plusieurs moines (théatins), à la tête desquels se pavanait un jeune évêque, ambitieux et remuant. Peu à peu cette cohue, qui grossissait chaque jour, envahit le palais de White-Hall, et par ses déportemens indiscrets, ses allures légères, ses bravades papistes, devint un sujet de scandale et de plaintes universelles. Le roi Charles, d’humeur assez débonnaire, — et d’ailleurs astreint, en sa qualité de jeune mari, à beaucoup de complaisance. — supporta durant quelques mois, outre la dépense toujours croissante que lui occasionnait la maison française d’Henriette-Marie, l’impopularité qui résultait pour lui de la tolérance témoignée à des étrangers si peu retenus dans leurs propos, si compromettans par leurs démarches irréfléchies. Il finit pourtant par se lasser de voir pulluler autour de lui et de sa jeune femme cet entourage de prêtres intrigans et de femmes évaporées ;