Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1861 - tome 33.djvu/1005

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

du Post. La spécialité de ce journal est d’informer chaque jour le public anglais des dîners ou des soirées qui se sont donnés la veille dans le West-End, et de publier la liste des invités. Comme il doit apparemment ces intéressantes informations aux maîtres d’hôtel des grandes maisons, nous l’avons entendu appeler le journal des butlers. En politique, il a été longtemps l’organe privilégié des carlistes d’Espagne et du comte de Montemolin. Il se plaît à attaquer en France les opinions qui ont le malheur de n’avoir pas pour elles le succès. Si la publication de l’article du Post auquel nous faisons allusion dans les journaux français a été spontanée, comme on doit le croire, on conviendra que nous possédons la presse la plus uniforme et la plus unanime qui soit au monde. Il faudrait également admirer nos journaux, s’ils avaient été, sans le savoir, victimes et dupes de la même mystification, et s’ils avaient supposé que la lettre du Morning Post sur un parti dont il est séditieux de prononcer le nom a été écrite à Paris. Il faut être Anglais, et ne rien connaître à la France, pour attribuer au parti dont parle le Morning Post des prétentions semblables à celles des Stuarts et de leurs partisans. Il faut être Anglais et non Français pour répéter maladroitement cette assimilation de la situation actuelle à celle de la maison de Hanovre qui a un jour échappé à la plume de M. de Persigny, et que l’on rend ridicule en la ressassant. On méconnaît d’ailleurs les intentions de M. le ministre de l’intérieur, proclamées dans une de ses premières circulaires, où il invitait les fonctionnaires à respecter les hommes qui ont servi avec honneur les anciens gouvernemens de la France ; on les méconnaît, disons-nous, en dénonçant la candidature de ces hommes aux fonctions représentatives comme une conspiration. Il est vrai que dans les élections qui ont lieu en ce moment pour les conseils-généraux plusieurs des personnes qui ont fondé quelque espoir sur la circulaire de M. de Persigny ne rencontrent pas dans l’administration l’accueil impartial, sinon bienveillant, auquel elles devaient s’attendre. M. Casimir Perier notamment, qui se présente dans l’Aube, a été obligé de répondre par une adresse très ferme et très digne aux insinuations répandues contre sa candidature. Mais nous ne confondrons jamais même les écarts du zèle mal éclairé d’une partie de l’administration française avec les plates arrogances d’un journal anglais, lequel vient nous faire la leçon sur nos affaires et les ignore au point de comparer au parti des Stuarts la cause de la révolution de 1830, révolution accomplie contre un coup d’état et en faveur de la liberté de la presse, révolution tout hanovrienne, si nous osons à notre tour nous emparer de cette qualification victorieuse qui justifie tout et répond à tout.

La tournure que prennent les affaires des États-Unis devient chaque jour plus fâcheuse. Sans doute la cause représentée par les états du nord est la plus conforme aux principes et aux intérêts de la France. La politique française répugne aux prétentions des états du sud, poussant jusqu’aux plus barbares conséquences les théories esclavagistes ; la politique française, qui a tant contribué à la fondation des États-Unis, et qui trouvait dans la puis-