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Page:Revue des Deux Mondes - 1861 - tome 33.djvu/1011

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REVUE. — CHRONIQUE.

assister, hélas ! a été brillante et digne en partie du grand pays qui a fondé ces congrès annuels de l’art musical. Dans une excursion que j’ai faite en Allemagne en 1859 et dont j’ai entretenu les lecteurs de la Revue, j’ai pu juger par moi-même quels effets puissans on obtenait par ces masses de voix saines et vigoureuses qu’on ne trouve nulle part ailleurs. C’est à Cologne que doit avoir lieu l’année prochaine la fête musicale des provinces rhénanes dont l’institution remonte à 1817. En France, où toutes choses arrivent beaucoup plus tard qu’ailleurs, on commence également à prendre goût à ces grandes réunions de musiciens où l’artiste et l’amateur confondent leurs efforts sans morgue et sans vaine distinction. Les nombreuses sociétés orphéoniques qui couvrent la France, toutes composées de simples ouvriers, donnent déjà d’excellens résultats, ne fût-ce que des goûts élevés et des habitudes plus régulières. Dans une exposition des produits de l’industrie locale qui vient d’avoir lieu tout récemment dans la ville de Metz, on a introduit une exposition de peinture et de sculpture, et le tout a été couronné par un festival précédé d’un concours des sociétés orphéoniques, des villes environnantes. Quinze sociétés chorales venant de Colmar, de Strasbourg, de Luxembourg, etc., se sont disputé la palme devant un jury dont faisait partie M. Ambroise Thomas, une gloire musicale de la bonne ville de Metz. Ces fêtes, ces luttes pacifiques qui se produisent partout et à chaque instant sous le patronage de l’autorité, ne peuvent manquer d’avoir avec le temps les plus heureuses conséquences sur l’éducation des classes inférieures de la nation.

P. Scudo.


ESSAIS ET NOTICES.

SINGULARITÉS HISTORIQUES ET LITTÉRAIRES.

Il est presque aussi rare de rencontrer dans une œuvre d’érudition la couleur de la vérité que la gaieté dans le roman ou le naturel dans la poésie. Le nombre des hommes qui pensent, sentent et agissent est restreint. Bien peu vivent de la vie du présent, moins encore peuvent vivre de la vie du passé. Tandis que nous voudrions connaître des hommes, l’érudition nous présente des morts, classés, analysés, en manière d’argumens, pour servir de preuve à un fait ou à une théorie. Réduite à n’être qu’une science, l’histoire, qui est la politique du passé, perd son intérêt et sa popularité ; elle les retrouve quand, grâce à des exceptions, celles-là brillantes, celles-ci heureuses, elle redevient elle-même. Tout le monde a lu et personne n’a oublié les Récits des Temps mérovingiens de M. Augustin Thierry. Dans un genre très différent, mais sur des époques également obscures et inconnues, M. Hauréau vient de publier un volume intitulé : Singularités historiques et littéraires[1]. Il y raconte ce qui a été comme on raconterait ce qu’on a

  1. Chez Michel Lévy.