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pourrait-il donner lieu à une exportation sérieuse vers les grandes villes du pays et de l’étranger. Le miel est excellent et l’éducation des abeilles très bien entendue. Ces insectes trouvent à butiner dans les fleurs du sarrasin et de la bruyère, et vers la fin de l’été des colonies entières de ruches passent successivement d’une lande dans une autre. Les volailles de la Campine sont recherchées sur les marchés de Bruxelles et d’Anvers. C’est là qu’on élève ces poulets du printemps, primeurs de la basse-cour, qu’on appelle poulets de grains, parce que, forcés pour ainsi dire en serre chaude, ils sont nourris uniquement de céréales. Le beurre est le principal objet d’exportation de la Campine. Il est renommé depuis des siècles. « Puisses-tu, s’écriait un ancien poète flamand, conserver toujours ta prospérité, ô terre bénie de la Campine, toi dont le maigre sable nous donne en abondance et du lait gras et du beurre savoureux ! » Loué ainsi par la poésie nationale, et, ce qui vaut peut-être mieux encore, recherché sur le marché de Londres, ce produit permet au cultivateur de réaliser des écus sonnans et de payer son bail. Dans beaucoup de localités, le beurre est vendu publiquement à la criée, fréquemment sous l’abri d’un tilleul séculaire et au milieu du concours des paysans des environs, réunis pour le jour du marché hebdomadaire. Comme le remarque avec raison M. Joigneaux, ce mode de vente est un encouragement naturel et très efficace pour la bonne fabrication, car les fermières dont le beurre atteint le plus haut prix tirent vanité de cette distinction accordée par les suffrages intéressés des acheteurs, tandis que celles dont les produits sont délaissés, punies en même temps dans leur bourse et dans leur amour-propre, s’efforcent de réparer leur échec en redoublant de soins pour nourrir le bétail et pour entretenir la propreté de la baratte.

Si nous avons cité le vin parmi les productions de la Campine, c’est surtout parce que l’on ne s’attend guère à trouver ce fruit du midi à une latitude aussi élevée et sous un climat aussi rude. Au moyen âge, la vigne était cultivée dans la Belgique entière, et dans beaucoup de villages les anciens documens font mention de vignobles. Aujourd’hui on n’en rencontre plus que sur les coteaux des bords de la Meuse et dans les sables de la Campine. Ce sont surtout les abbayes de Westmalle, Averbode, Tongerloo, qui ont conservé ou repris cette culture, parce qu’elles trouvent un débouché spécial dans le clergé, qui achète de préférence pour le service des autels un vin dont la pureté lui est garantie. Dans ces derniers temps, quelques propriétaires ont aussi planté des vignes ; mais il est encore douteux que la valeur de la récolte puisse en couvrir les frais.

Les fermes sont bien garnies de bétail, car on trouve plus d’une tête de bête à cornes par hectare. Les vaches originaires du pays