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Page:Revue des Deux Mondes - 1861 - tome 33.djvu/641

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tiers des terres était en jachère, le second tiers en blé d’hiver, le troisième en avoine. On semait peu de froment, mais du seigle et de l’épeautre. Mondez avait eu occasion d’étudier les procédés de la culture flamande aux environs de la ville d’Ath, où elle avait été introduite par des fermiers venus des Flandres pour remplacer ceux du pays, ruinés par suite des guerres de la succession d’Espagne. En entrant dans la ferme de Baulet, il se hâta de suivre leurs exemples. Les engrais étaient à vil prix : on avait pour 1 fr. 26 cent. une voiture de fumier à cinq chevaux, et les boues de rue, les plâtras, les vidanges, se donnaient plutôt qu’ils ne se vendaient. Mondez acheta des quantités considérables de toutes ces matières fertilisantes ; il fit construire des citernes pour recueillir les engrais liquides, et du coup il supprima les jachères, qu’il remplaça par du lin et du colza, ainsi que l’épeautre et le seigle, auxquels il fit succéder le froment. Au bout de trente ans, il avait fait fortune, et tout le canton avait changé de face. Il avait pris, en entrant dans la ferme, toutes les récoltes qui couvraient les 98 hectares dont elle se composait pour 11,454 francs, ce qui faisait un produit moyen par hectare de 126 francs. Il porta cette moyenne à 318 francs, c’est-à-dire à plus du double. Les cultivateurs des environs se moquèrent d’abord de lui, puis prédirent sa ruine ; leur prédiction ne s’accomplissant point, ils le calomnièrent, et finirent en somme par où ils auraient dû commencer : ils l’imitèrent, si bien que, vers 1810, le prix des engrais avait décuplé. La jachère était définitivement supprimée, et aujourd’hui la plaine de Fleurus forme l’une des plus belles régions agricoles de la Belgique. Les prix de location dépassent 125 francs, et les prix de vente 5,000 francs à l’hectare. La contagion du succès et l’augmentation des besoins aidant, les bonnes méthodes se répandirent de proche en proche, et le progrès se généralisa. Maintenant, dans le Hainaut, l’antique assolement triennal est remplacé par une succession de récoltes plus variées, et le froment a partout éliminé les céréales alimentaires de qualité inférieure. Nous avons insisté sur les améliorations introduites par Mondez pour deux motifs : d’abord parce qu’il nous semble qu’on ne peut trop rendre hommage à ces hommes utiles dont les travaux modestes, quoique bornés dans l’humble sphère des occupations rustiques, contribuent cependant d’une manière si notable à augmenter la richesse permanente de leur pays, ensuite parce que l’abolition complète de la jachère marque dans l’histoire agricole d’un peuple une révolution d’une importance capitale, et dont il est ordinairement très difficile de connaître les détails.

La base de la culture dans la région hesbayenne est complètement différente de celle de la région sablonneuse. Dans les sables,