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entrant ne paie point à son prédécesseur les fumiers qui se trouvent en terre ou dans les citernes, et qu’il ne lui faut point de fonds de roulement pour l’achat d’engrais livrés par le commerce. On estime ce capital à 35 ou 40,000 francs pour une ferme de 100 hectares. Malheureusement les différends entre le cultivateur qui prend une exploitation et celui qui la quitte sont fréquens, et aboutissent souvent à des procès. Cela provient de ce que les innovations introduites dans la culture ont rendu inapplicables beaucoup d’anciens usages qui réglaient les points en litige ; mais cette transformation, due à l’influence croissante du développement de l’industrie, a été accompagnée d’incontestables progrès. Le drainage, pratiqué en grand, a fait un bien immense dans ces terres fortes où le labour se fait avec trois chevaux, même quand la charrue est de la meilleure construction. Les cultivateurs comprennent de plus en plus l’importance des engrais, et ils s’efforcent d’en accroître la quantité en donnant plus de place aux récoltes vertes, et par suite en augmentant leur bétail, tenu plus longtemps à l’étable l’été et plus largement fourni l’hiver de racines hachées mêlées au fourrage sec. Les comices agricoles et de nombreux concours stimulent l’amour-propre des agriculteurs, qui s’occupent de l’amélioration des races indigènes par le croisement avec des races étrangères, ou simplement par le choix des reproducteurs. Les bêtes à cornes sont en général d’origine flamande ou hollandaise, parfois croisées avec des durham. Les chevaux du Hainaut ou du Borinage, comme on les appelle, sont de qualité supérieure. Plus courts de reins que les chevaux flamands, la tête petite et l’œil plein de feu, le cou ramassé et cambré, ils peuvent compter au nombre des meilleures bêtes de trait qui existent, et ils ne le cèdent peut-être qu’aux chevaux du Perche et du Boulonnais de la grande espèce. Les instrumens aratoires perfectionnés sont adoptés aussi de proche en « proche. L’extirpateur, si utile et d’un emploi si économique, se trouve maintenant dans toutes les exploitations. Les batteuses mécaniques à manège pour deux et trois chevaux s’introduisent également dans les grandes fermes. On ne peut méconnaître à tous ces signes la preuve d’un grand progrès de l’agriculture. Toutefois il reste encore beaucoup à faire, car la production moyenne par hectare est inférieure à celle de la Flandre, tandis qu’avec les avantages que cette région a reçus de la nature, celle-ci devrait être l’un des premiers districts agricoles de l’Europe.

Le Hainaut et le Brabant méridional sont considérés en Belgique comme pays de grande culture. Cependant les grandes fermes n’y sont pas très nombreuses. Ainsi, sur les 328,323 hectares du Brabant, on ne comptait, en 1846, que 147 fermes de plus de 100 hectares