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ces vastes opérations en dehors du résultat financier, en prenant surtout Paris pour exemple. Par l’expropriation, la démolition et la reconstruction, on veut ou assainir les anciens quartiers, ou en créer de nouveaux, ou bien encore ouvrir des débouchés à la circulation. Pour tous ces travaux, qui demandent surtout une exécution rapide, les associations de capitaux, qui peuvent seules accepter des conditions prescrites à l’avance, conduire à fin dans les délais voulus les constructions nouvelles demandées par l’administration, offrent à celle-ci une sécurité que des efforts individuels, la bonne volonté d’entrepreneurs et de propriétaires isolés ne lui présenteraient jamais. L’administration veut-elle enfin appeler à son aide, non pas les grands spéculateurs, mais la bourse qui ne s’épuise réellement pas, la bourse commune, celle du public et des petits capitaux : ce sont les associations anonymes qui seules fournissent le moyen d’obtenir ce résultat, et aussi, nous le répétons, de démocratiser la propriété comme on a démocratisé la rente pour le plus grand succès des emprunts publics faits et à faire.

Pour nous convaincre de l’avenir réservé aux sociétés immobilières, n’envisageons cependant que l’un des buts poursuivis par la sollicitude de l’édilité parisienne, l’ouverture de nouveaux débouchés de circulation. Il est certain que l’assainissement, la viabilité, l’embellissement d’une cité s’obtiennent de concert : ce qui est utile à l’un favorise l’autre. Le percement du boulevard de Strasbourg et du boulevard de Sébastopol sur les deux rives de la Seine, le prolongement de la rue de Rivoli, ont à la fois rendu salubres des quartiers malsains, embelli la capitale et ouvert de larges voies de circulation. Toutefois il est certains grands travaux destinés à ne satisfaire qu’à l’un des besoins qui viennent d’être signalés, et non à tous. Or, pour le seul besoin d’une circulation facile, de grands efforts peuvent être nécessaires à Paris, et la comparaison de ces travaux avec ceux qui s’accomplissent à Londres pour le même objet permet a priori d’en mesurer l’importance. À Londres, en huit années, les chemins de fer ont occasionné un accroissement de population d’un million d’habitans, la circulation y devient si difficile, les encombremens de voitures dans les quartiers commerçans tels que la Cité, Fleet-street, le Strand, etc., entraînent pour les affaires des retards si considérables, et pour les piétons des accidens si multipliés, que, nonobstant la construction de ponts sur la Tamise, les chemins de fer souterrains projetés ou en voie d’exécution, le gouvernement a résolu d’endiguer la Tamise depuis le palais du parlement jusqu’au pont de Londres. Cet endiguement aurait pour résultat d’augmenter la profondeur de la rivière, d’en purifier les eaux, de permettre la construction d’un égout monumental et surtout l’établissement