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C’est un territoire de quatre cents lieues carrées, peuplé de 16,000 habitans. On a vu que des postes y ont été installés. Il a de plus été partagé en quatre cercles, commandés par quatre chefs indigènes placés sous la direction d’un officier français résidant à Richard-Toll.

Au sud du Oualo s’étend le Cayor, le plus puissant des états ouolofs ; il va de nos possessions de Saint-Louis à celles de Gorée, sous le Cap-Vert. Il a un chef absolu, appelé damel, entièrement despotique et idolâtre, d’où résultent une inimitié et des luttes permanentes entre lui et une partie des tribus sujettes qui se sont converties à l’islamisme. Ce damel est entouré d’esclaves, appelés tiédos, dont il a fait ses compagnons de débauche ; ils se sont emparés de son esprit au détriment des hommes libres, et le pays est livré en proie à leurs brigandages. Le Cayor est peu favorable à la France, mais il ne tardera probablement pas à subir son influence et peut-être sa domination. Plus au sud se trouve le Baol, souvent en guerre avec lui. À l’est, le Djolof, entièrement déchu de l’importance qu’il eut jadis, ravagé par les Peuls, par les Maures, et presque désert, ne demande qu’à se placer sous la protection de la France.

Au nord-est de ces états noirs, dans un espace de cent cinquante lieues sur la rive gauche du Sénégal, et dans l’île à Morfil, qui est formée par une large ouverture de deux bras du fleuve, s’étend le puissant état peul du Fouta-Sénégalais, celui qui de tout temps, et aujourd’hui même encore, s’est montré notre plus persévérant ennemi. Il comprenait deux grandes provinces, le Dimar et le Toro, qui se détachent de lui en ce moment pour se placer, l’une sous l’autorité des Trarzas, l’autre sous l’influence de la France. C’est un état turbulent et fanatique depuis qu’il s’est converti à l’islamisme, il y a environ cent cinquante ans, sous le marabout Abd-oul-Kader. Celui-ci, dans le cours d’un long règne, a étendu sa domination sur la plupart des états voisins. Récemment, un de ses successeurs, Al-Hadji-Oumar, eût repris ce rôle de conquérant, s’il n’eût trouvé devant lui la France.

Plus loin, sur le fleuve, s’étend le Gadianga, habité par des Soninkés ou Sarakollés, race parente des Malinkés, et auquel a été enlevé le riche village de Bakel, qui est devenu l’un de nos comptoirs. Le Bondou, état peul et musulman, est situé dans l’angle formé par les rives gauches de la Falémé et du Sénégal. Le Khasso, avec un mélange d’habitans peuls et malinkés, vient ensuite, presque au confluent du Bafing et du Bakhoy. C’est dans ce pays que s’élève notre fort de Médine, qui, en 1857, a soutenu vaillamment, trois mois durant, l’assaut d’une armée peule d’Al-Hadji ; ce chef y a perdu plus de mille de ses guerriers. Le Kaarta, habité par les Bamanas, que nous appelons Bambaras, et qui paraissent se rattacher aux Malinkés, sur la rive droite du Sénégal, a été très riche et très puissant ; mais en 1855, à la suite de querelles intestines, il a été conquis par Al-Hadji. Enfin, dans l’angle formé par la rive droite de la Falémé et le Sénégal, se trouvent la région aurifère du Bambouk, où nous occupons Keniéba, et l’état de Ségou, qui nous mènent par le Djoliba ou Haut-Niger sur le chemin de Tombouctou. De ce côté, sur un affluent du Djoliba, est situé le Bouré, la région la plus riche en or de toute cette partie de l’Afrique.

Tels sont les développemens extérieurs que notre colonie du Sénégal a pris depuis ces dernières années. Elle fait peser sa domination ou son influence