Page:Revue des Deux Mondes - 1861 - tome 34.djvu/420

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bases posées par Turgot dans un édit de 1776, que les routes seraient divisées en quatre classes : 1° les grandes routes de poste, qui communiquaient avec la capitale ; 2° celles d’une ville de la province à une autre, que nous appelons aujourd’hui routes départementales ; 3, celles d’une petite ville à une autre, que nous appelons chemins vicinaux de grande communication ; 4° celles de commune à commune, que nous appelons chemins vicinaux ordinaires. On devait pourvoir à l’exécution de chacune de ces classes sur des fonds différens[1]. En même temps on régla rigoureusement l’emploi des fonds accordés par le roi pour les ateliers de charité, institution ancienne, renouvelée et perfectionnée par Turgot, qui consistait à fournir du travail sur les chemins, dans la saison rigoureuse, aux pauvres des communes rurales.

La grande affaire était toujours le cadastre.- Un travail immense avait été préparé pour poser les bases d’une évaluation aussi exacte que possible des terres. La commission intermédiaire avait fait choix, pour diriger l’exécution, d’un ingénieur géomètre connu par un travail analogue qu’il avait exécuté dans l’île de Corse, M. Henri de Richeprey, qui déploya un talent supérieur et une prodigieuse activité. Pour donner une idée du nouveau système, on avait décidé qu’il en serait fait un essai sur la commune ou communauté de Villefranche, dont le vaste territoire représentait par sa variété presque tous les terrains de la province. Le cadastre de cette commune fut en effet terminé à temps et présenté à l’assemblée.

Plusieurs questions qui intéressaient directement l’agriculture furent traitées dans cette session. L’usage des champarts ou partages de fruits en nature entre le cultivateur et le propriétaire était assez répandu dans la province, et les terres soumises à ce mode de redevance paraissaient moins bien cultivées que les autres. Un membre de la noblesse, le baron de La Guépie, avait pris le parti d’inféoder ses champarts, comme on disait alors, c’est-à-dire de les transformer en une rente’ fixe en grains, et on remarquait qu’il avait, par ce moyen, assuré ses revenus et augmenté le bien-être de ses colons. L’assemblée émit le vœu, pour favoriser de semblables transformations, que les actes d’inféodation des terres soumises au droit

  1. En parcourant la liste des chemins demandés par les localités intéressées, on trouve à tout moment des passages comme ceux-ci : Chemin de Peyreleau à Saint-Jean du Burel ; la communauté offre une contribution de 700 livres, et M. le comte d’Albignac, seigneur, a fait une soumission de 1,800 livres. — Il y a déjà 7,000 livres d’employées sur le chemin de Vézins, dont partie a été donnée sur le fonds de charité et le reste par M. le comte de Vézinz. — Chemin de Sylvanès à Montlaur : les religieux de Sylvanès ont déjà fourni 1,500 livres, ils offrent encore 1,000 livres et se chargent de l’entretien. Ces dons volontaires venaient s’ajouter aux contributions, déjà votées par les ordres privilégiés.