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de la force musculaire dans les animaux, qu’on a senti la nécessité d’avoir recours aux théories de la physique et de la mécanique.

Les mammifères et les oiseaux surtout nous présentent trois grands phénomènes physico-mécaniques. En premier lieu, ils possèdent une température élevée et sensiblement constante, et comme ils perdent continuellement une certaine quantité de chaleur par le rayonnement et l’évaporation, il faut bien qu’il y ait en eux une cause qui agisse constamment pour la reproduire. On a prouvé que l’homme développe en un jour une quantité de chaleur qui suffirait pour amener à l’ébullition 40 kilogrammes d’eau. — Le second de ces phénomènes a pour siége le cœur. On sait que le cœur est animé de contractions périodiques qui mettent le sang en mouvement, ce qui prouve qu’il est sollicité par une force continue ; elle est égale à celle qui soulèverait un kilogramme à la hauteur d’un mètre en une seconde. En outre l’homme se meut, il porte des fardeaux et exécute en moyenne un travail extérieur trois fois plus grand que celui du cœur. — Un troisième phénomène, c’est qu’il n’y a pas une fibre, pas un élément musculaire ou nerveux qui ne dégage de l’électricité.

Avant d’essayer l’explication de ce triple phénomène, il est d’abord nécessaire de rappeler que la chaleur, le travail mécanique et l’électricité, malgré leur diversité apparente, ne sont que des effets d’une même cause. Par exemple, une force quelconque peut être employée à soulever des fardeaux, à entraîner des convois, etc., alors elle produit du travail ; mais si on l’applique à une roue à palettes tournant dans une masse d’eau, elle ne soulève plus rien et ne produit plus de travail apparent ; son effet cependant n’est pas nul, car elle échauffe l’eau et développe une quantité de chaleur qui est proportionnelle au travail qu’elle peut engendrer. Donc l’effet d’une force peut être de créer du travail ou de créer une quantité équivalente de chaleur. Considérons maintenant ce qui se passe dans une machine à feu : nous voyons la vapeur entrer dans le cylindre, soulever et abaisser alternativement le piston, et engendrer un travail qui se répartit dans toutes les pièces animées par la machine ; finalement elle sort. Or, en entrant, elle contenait une certaine quantité de chaleur ; quand elle sort, elle en a perdu une partie, et c’est cette chaleur perdue qui s’est transformée en une quantité de travail qui lui est équivalente. On voit donc que toute chaleur qui s’anéantit crée du travail, et que tout travail qui se détruit crée de la chaleur. Nous pourrions répéter les mêmes raisonnemens pour l’électricité, et montrer qu’elle peut se transformer ou en travail ou en chaleur, tandis que le travail et la chaleur peuvent se changer en électricité.