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Les trois grands phénomènes physico-chimiques accomplis par les animaux n’étant que des manifestations différentes d’une même cause, il suffira de chercher ce qui produit l’un d’eux, par exemple ce qui produit la chaleur. Faut-il la rapporter à cette force vitale occulte et catalytique qu’on cherche à défendre, ou bien devons-nous l’attribuer à l’exercice régulier des causes naturelles agissant suivant leurs lois habituelles ?

C’est Lavoisier qui, à l’éternel honneur des sciences, est venu résoudre cette question. Parallèlement à ces productions de chaleur, de travail et d’électricité, les animaux accomplissent des phénomènes chimiques continus et d’une effrayante complication ; il y en a dans les muscles, dans les nerfs, dans les glandes, dans tous les organes ; il y en a pendant la digestion et surtout dans l’acte de la respiration. Or il est de l’essence des actions chimiques de produire de la chaleur, laquelle peut élever la température des animaux ou se transformer en travail mécanique, et l’on sait de plus qu’elles donnent toujours naissance à de l’électricité. Dès lors il est naturel de penser que c’est à ces actions chimiques qu’il faut rapporter tous les phénomènes physico-mécaniques dont nous venons de parler.

Il y a loin de cet aperçu général à une démonstration précise : malheureusement cette démonstration est impossible dans l’état actuel de nos connaissances. Pour qu’elle pût être complète, il faudrait d’une part analyser toutes les actions chimiques accomplies par un animal dans un temps donné et faire théoriquement la somme de toutes les quantités de chaleur qu’elles développent ; d’un autre côté, il faudrait pouvoir mesurer expérimentalement les chaleurs réellement produites par cet animal pendant le même temps ou transformées en électricité et en travail, puis enfin chercher s’il y a égalité entre les chaleurs théoriques et réelles ; mais cette balance ne peut s’établir rigoureusement par suite de l’impossibilité où l’on est manifestement d’analyser cette multitude de causes et d’effets.

À défaut toutefois d’une démonstration complète qui embrasserait tous les faits, on peut au moins se contenter d’une approximation qui sera déjà très satisfaisante. Laissons l’animal en repos, négligeons le travail accompli dans la circulation et l’électricité développée, il ne restera plus à considérer que la chaleur engendrée. Celle-ci, nous pouvons l’évaluer en enfermant l’animal dans une caisse entourée d’eau dont nous mesurerons le réchauffement. D’un autre côté, la plus importante des actions chimiques est celle de la respiration, et elle se réduit sensiblement à la combustion du charbon et de l’hydrogène, qui donne naissance à de l’acide carbonique et à de l’eau. Nous pouvons très aisément mesurer la quantité d’oxygène que l’animal enfermé dans sa caisse consomme, celle de l’acide car-