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bonique qu’il dégage et conclure le poids de l’eau qu’il produit, et comme nous savons par des expériences préalables la chaleur que l’hydrogène et le charbon dégagent en se brûlant, il nous est possible de calculer très approximativement celle que l’animal a dû théoriquement produire et de la comparer à la quantité de chaleur mesurée par réchauffement de l’eau. C’est ainsi que Lavoisier a posé la question, et c’est par ce procédé qu’il l’a résolue d’abord ; mais comme ses expériences laissaient à désirer sous le rapport de la précision, elles ont été reprises avec soin par Dulong et par M. Despretz. Dans tous les cas, la chaleur théorique a été sensiblement égale à la chaleur réelle, d’où il suit qu’on peut rationnellement admettre, comme l’a fait Lavoisier, que les actions chimiques sont les causes de la chaleur, du mouvement et de l’électricité.

Sans insister, ce qui serait inutile ici, sur les objections que soulèvent ces expériences, j’ajouterai quelques mots sur la production du travail mécanique et de l’électricité. On a toujours admis, par une espèce d’intuition, que la fibre musculaire et les matières neutres azotées, qui ont la même composition, étaient les matériaux de l’organisme qui, en se transformant chimiquement sous l’influence de l’oxygène, devenaient la source du travail musculaire, tandis que les fécules et les corps gras étaient les alimens respiratoires susceptibles de donner la chaleur. Cette distinction a certainement besoin d’être appuyée par des expériences directes ; elle se justifie néanmoins par les résultats suivans. Nous avons réussi à démontrer par des expériences rigoureuses que la combustion de la fibre musculaire augmente par la contraction prolongée, que cette fibre se trouve alors imbibée d’une plus grande quantité d’acide carbonique, lequel existe aussi en plus grande proportion dans le sang veineux. On explique par là comment un muscle cesse de pouvoir se contracter quand il est enfermé dans un petit espace rempli d’air qui se transforme en acide carbonique, et comment il reprend sa propriété première quand on le met en contact avec du gaz oxygène. On a encore démontré tout récemment qu’après une longue contraction la fibre musculaire prend un excès d’acidité, due à la présence de quelques corps particuliers, tels que les acides lactique ou phosphorique.

Je terminerai cet examen des applications de l’expérimentation à la physiologie par des expériences personnelles, destinées à jeter quelque lumière sur la fonction des nerfs. En faisant passer pendant un temps très court, à travers l’un d’eux, un courant électrique, on produit une contraction et un effort musculaire toujours incomparablement plus grand que le travail mécanique qui correspond à la quantité d’électricité qui a été lancée dans le nerf. Cette conclusion nous conduit forcément à admettre que l’excitation électrique