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Suippes, d’Arcis-sur-Aube, sur la coutellerie de Langres, les armes à feu de Charleville, l’entrepôt des fers de Saint-Dizier.

Le reste du rapport entrait dans de grands détails sur l’état des routes. La Champagne avait alors 375 lieues de 2,000 toises, ou 1,500 kilomètres de routes terminées ; elle en a aujourd’hui 7,500. La grande question des corvées ayant été définitivement réglée par le roi, il ne s’agissait plus que de bien employer les fonds de l’impôt établi en échange. L’ingénieur en chef de la généralité avait dressé un état des travaux à faire. On y remarque l’établissement de cantonniers ou stationnaires par chaque millier de toises sur les routes les plus parcourues, et par 2,000 et même 3,000 toises sur les moins fréquentées. Toutes les routes devaient être divisées en stationnemens de douze cantonniers, commandés par un chef. Chaque cantonnier, y compris les frais d’outil et le salaire du chef, devait coûter 300 livres.

L’archevêque présida exactement chaque séance, et tous les procès-verbaux imprimés sont revêtus de sa signature. Les noms des auteurs n’étant pas indiqués en tête des rapports, on ne peut savoir si l’abbé de Périgord en fit quelques-uns ; il appartenait au bureau des impôts. Ce bureau fit deux grands rapports, l’un sur les vingtièmes, l’autre sur la taille ; s’ils sont du futur évêque d’Autun, on y retrouve toute la variété de connaissances qu’il devait montrer à l’assemblée nationale. La taille avait eu en Champagne jusqu’en 1739 le même caractère d’arbitraire qu’en Berri ; mais depuis cette époque on l’avait tarifée, c’est-à-dire assise sur une sorte de cadastre, et il ne s’agissait plus que de perfectionner cet instrument de répartition. Quant aux vingtièmes, le gouvernement lui-même offrait de les fixer dans toutes les provinces par un abonnement, grand progrès dont l’assemblée du Berri avait eu l’initiative.

L’abbé de Montesquieu appartenait au bureau du bien public; les travaux de ce bureau roulèrent sur des questions agricoles. L’archevêque avait déjà fait venir à ses frais un troupeau de moutons espagnols pour régénérer les laines de la province. L’assemblée décida qu’il serait écrit en son nom à M. de Montmorin, ministre des affaires étrangères, pour lui demander encore quarante béliers de l’Escurial et autant de brebis. Une souscription fut ouverte pour faire venir des taureaux et des vaches de Suisse et de Franche Comté. Le bureau de la comptabilité était présidé par l’évêque de Troyes, et celui des travaux publics par le comte de Coigny. Une somme annuelle de 184,000 livres venait de faire retour à la province sur le fonds des ponts et chaussées en vertu de la décision royale du 25 décembre 1786 ; en y ajoutant celle de 807,000 livres que donnait le nouvel impôt sur les chemins, et les 100,000 annuellement