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accordés par le roi pour les ateliers de charité, on arrivait à un total de près de 1,100,000 livres pour les travaux publics, sans compter les souscriptions volontaires. En cherchant les moyens d’augmenter encore ces ressources, on avait eu l’idée d’établir des droits de péage sur les routes, comme en Angleterre ; mais le temps n’avait pas permis d’étudier suffisamment ce projet, dont l’examen fut renvoyé à l’année suivante.

La province de Champagne fut la première qui mit à exécution la partie de l’édit de 1787 relative aux assemblées d’élection. L’assemblée provinciale désigna, aux termes de l’édit, les 12 premiers membres par chaque élection ; ceux-ci choisirent ensuite leurs collègues. À raison de 26 membres par élection, y compris les syndics, on arrive à un total de plus de 300 personnes pour la province. Voici les noms des présidens : élection de Reims, l’abbé de Mourdier, prévôt de l’église métropolitaine ; Troyes, l’évêque de Troyes ; Rethel, l’abbé de Saint-Albin, vicaire-général de Reims ; Vitry-le-François, le vicomte du Hamel ; Châlons, l’évêque de Châlons ; Langres, point de président nommé, sans doute dans l’espoir de décider l’évêque : Bar-sur-Aube, le comte de Mesgrigny ; Sainte-Menehould, le comte de Giraucourt ; Épernay, l’abbé de Lescure, vicaire-général de Reims ; Joinville, le marquis de Pimodan ; Chaumont, l’abbé de Clairvaux ; Sézanne, M. de Cotte, conseiller d’état. La plupart de ces présidens appartenaient à l’assemblée provinciale. Parmi les simples membres de ces assemblées secondaires, on remarque le marquis de Sillery, qu’on appelait aussi le comte de Genlis, mari de la célèbre comtesse de ce nom, et un des plus grands propriétaires de vignes de la Champagne, qui a été député aux états-généraux, ensuite membre de la convention nationale, et qui a péri sur l’échafaud ; puis M. Beugnot, alors avocat à Bar-sur-Aube, procureur-général du département de l’Aube en 1790, membre de l’assemblée législative en 1791, comte et préfet sous l’empire, ministre et député sous la restauration, un des hommes qui par la finesse de leur esprit ont le plus rappelé de nos jours la société du XVIIIe siècle.

Ces assemblées d’élection devaient avoir aussi leurs commissions intermédiaires et leurs procureurs-syndics. Leurs attributions, et c’était là leur principal défaut, ne différaient pas essentiellement de celles de nos conseils actuels d’arrondissement ; sans aucun doute, si elles avaient duré, leur composition se serait simplifiée, et leurs attributions se seraient étendues, car leur organisation était hors de proportion avec leur pouvoir. On a contesté l’utilité des commissions intermédiaires et des procureurs-syndics pour les assemblées provinciales ; cette critique ne paraît pas fondée pour les commissions, elle l’était davantage pour les syndics, qui pouvaient diffici-