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l’Avre et l’Oise devant passer sur le territoire de la généralité de Soissons, on résolut de concerter cette affaire entre les deux assemblées provinciales.

Soissonnais. — La généralité de Soissons, formée de parties détachées de l’Ile-de-France, de la Picardie et de la Champagne, n’avait pas plus d’étendue que celle d’Amiens ; elle comprenait le département actuel de l’Aisne, moins l’arrondissement de Saint-Quentin, et une portion de celui de l’Oise. Elle se divisait en sept élections, qui forment aujourd’hui six arrondissemens, Soissons, Laon, Noyon, Crépy, Clermont, Guise et Château-Thierry. Création tout administrative, la généralité de Soissons n’avait pas d’unité historique ; l’élection de Clermont était même séparée du reste par une partie de la généralité de Paris. On trouve, sous le roi Jean, les états du Soissonnais et ceux du Vermandois convoqués à part.

Comme l’assemblée de Picardie, celle du Soissonnais ne comptait que trente-six membres. Le comte d’Egmont-Pignatelli, gouverneur de la province, avait été nommé président par le roi ; les autres membres de la noblesse étaient le comte de Noue, le duc de Liancourt, M-. de L’Amirault, M. d’Alanjoye, le comte de Barbançon, le marquis de Causans, le marquis de Puységur et le vicomte de Labédoyère. Les évêques de Laon et de Soissons n’ayant pas été appelés à faire partie de l’assemblée, le personnage le plus important du clergé était l’abbé-général de Prémontré. Le tiers-état se composait, comme à l’ordinaire, des maires des principales villes, de propriétaires ruraux et de fermiers cultivateurs. Les procureurs-syndics élus furent, pour les deux premiers ordres, le comte d’Allonville, et pour le tiers-état M. Blin de La Chaussée, avocat. Sur cette liste, le nom qui domine tous les autres, sans en excepter le président, est celui du duc de La Rochefoucauld-Liancourt, grand-maître de la garde-robe du roi Louis XVI, un des hommes les plus passionnés de son temps pour la liberté, la justice et la bienfaisance.

On relit toujours avec plaisir les détails que donne Arthur Young sur son séjour au château de Liancourt en septembre 1787. « J’allai y faire, dit-il, une visite de trois ou quatre jours, et toute la famille s’employa si bien à me rendre le séjour agréable, que j’y ai passé plus de trois semaines. Le site est très heureux. Près du château, la duchesse a fait construire une laiterie d’un goût charmant. Dans un village voisin, le duc a fondé une manufacture de tissus qui emploie un grand nombre de bras. Les filles pauvres sont reçues dans une institution où on leur apprend un métier. La vie du château ressemble beaucoup à celle qu’on mène dans la résidence d’un grand seigneur anglais. C’est une mode nouvelle en France que de passer ainsi quelque temps à la campagne en été ; quiconque a un