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contre des habitudes invétérées. L’assemblée décida que le roi serait supplié de prendre des mesures plus efficaces, et chargea son président d’insister auprès du gouvernement. L’abus dont elle se plaignait ne devait pas disparaître encore ; il prit de nouvelles forces pendant la révolution, et n’a cédé que de nos jours.

On recherchait depuis quelque temps sur cette côte la situation la plus avantageuse pour y créer un port. Des commissaires envoyés sur les lieux en 1784 par le ministre de la marine s’étaient prononcés en faveur de Saint-Valery, rassemblée se déclara dans le même sens. L’exécution d’un canal de la Basse-Somme ayant été décidée en même temps, le roi y avait consacré une somme annuelle de 40,000 livres sur le trésor public pendant dix ans, plus le produit d’un droit d’octroi à percevoir sur les marchandises. Les travaux avaient commencé en 1786. Un autre canal, partant d’Amiens et passant à Péronne pour aller rejoindre l’ancien canal de Picardie, avait été commencé en 1770; les fonds étaient fournis par un octroi de 20 sols par velte sur les eaux-de-vie qui se consommaient dans la province. Enfin, pour joindre la Somme à l’Escaut en traversant des montagnes, Louis XVI avait fait entreprendre un canal souterrain, déjà ouvert en partie. « L’âme s’élève, disait dans son rapport le bureau du bien public, à la vue de ces canaux immenses, qui joindront le commerce de la Hollande à celui des principales villes du royaume. » — « Je suis fier d’être homme, s’était déjà écrié l’empereur Joseph II en visitant le canal souterrain, quand je vois qu’un de mes semblables a osé imaginer un travail si hardi ! » L’assemblée, pénétrée des mêmes sentimens, vota un témoignage de sa reconnaissance pour le roi.

Un projet de dessèchement avait été préparé pour la vallée d’Authie, dont les trois quarts formaient des marais inaccessibles. On devait rendre ainsi à la culture plus de 6,000 arpens. Le comte d’Artois, qui avait cette vallée dans son apanage, sollicité par M. de Lameth au nom des habitans, avait promis de faire exécuter à ses frais ce travail. Les choses étant toujours restées dans le même état malgré cette promesse, l’assemblée pria son président de s’informer de la décision définitive du prince, et, dans le cas où il ne croirait pas devoir donner suite à son projet, elle annonça nettement l’intention de s’en charger elle-même. La forme peu respectueuse de cette déclaration pouvait se justifier par la nécessité du dessèchement : elle prouve dans tous les cas combien le sentiment de l’intérêt public passait avant toute considération. Un dernier projet consistait dans l’ouverture d’un canal de l’Oise à la mer passant à Roye et traversant le centre de la province. On utilisait pour ce canal les deux petites rivières du Dom et de l’Avre. La portion comprise entre