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L’INSURRECTION CHINOISE
SON ORIGINE ET SES PROGRÈS

I.

les sociétés secrètes et les premières campagnes des insurgés.


La Chine est-elle ouverte ? Touchons-nous enfin au but de tant d’efforts et de sacrifices ? L’œuvre patiente et laborieuse de notre diplomatie, les succès plus brillans, plus faciles peut-être, de nos deux expéditions, produiront-ils les résultats que la France se croit en droit d’attendre ? Avons-nous convaincu le cabinet de Pékin de sa propre faiblesse ? Et quels seront désormais l’attitude, le langage d’un agent isolé et désarmé vis-à-vis d’un gouvernement qui, à une époque récente encore, a violé audacieusement sa parole en face de deux armées victorieuses ? Si le caractère de notre représentant était un jour méconnu, où trouverait-il un lieu de refuge pour abriter dignement le personnel de sa mission et des ressources pour punir promptement l’injure ? Sans qu’il soit besoin d’insister sur ces questions, tout porte à croire que, si nous avons déjà triomphé en Chine de bien des obstacles qui paraissaient, il y a quelques années encore, presque insurmontables, l’avenir nous y garde de dangereuses épreuves. Et ces épreuves ne viendront pas seulement de nos relations avec un gouvernement humilié, astucieux et mécontent, avec des autorités insouciantes et apathiques, téméraires par orgueil, oublieuses par légèreté ou par calcul ; elles naîtront aussi d’un péril dont on n’a pu jusqu’ici ni sonder la profondeur, ni mesurer exacte-