Si vous ne le savez pas, je vais vous le dire, moi ! Vous avez le mariage en horreur, et vous préférez rester vieux garçon. Je devais m’attendre à cela de la part d’un original de votre étoffe. Vous m’avez fait faire un pas de clerc en me priant d’écrire à ma sœur…
Ah ! permettez, je ne vous en ai pas prié du tout ; c’est vous qui me l’avez offert en me persuadant que je devais accepter.
Vous n’avez pas dit non !
Je n’ai pas dit oui !
Et à présent vous ne dites ni oui, ni non ? Eh bien ! ma nièce n’est pas faite pour attendre votre bon plaisir, entendez-vous ?… Elle ne manque pas de prétendans, elle ne vous connaît pas, et elle ne vous eût donné la préférence que pour me faire plaisir.
Oh ! en ce cas, voisin, c’est pour le mieux ! Je n’ai pas de scrupule à hésiter.
Dispensez-vous d’hésiter davantage ; ma nièce n’est pas pour vous. Je vais lui écrire sur l’heure de se décider pour un autre, en lui demandant pardon de la sotte démarche que mon amitié pour vous m’avait suggérée.
Oh ! si vous vous fâchez…
Eh ! pardieu, oui, je me fâche ! J’en ai le droit.
Non.
Si fait, et je suis bien aise de vous dire, en vous quittant, que vous gâtez à plaisir votre existence avec des billevesées ! Voilà un homme bien heureux et un citoyen bien utile, qui ne se plaît qu’à remplir sa maison de pavés de rebut et de coquilles cassées ! Je vous avertis, moi, que vous ferez une sotte fin, que vous deviendrez un pédant ridicule, un cœur sec et frivole, un cerveau romanesque, un fantasque et un Cassandre !…
Diable ! voilà bien des maux à la fois.
Oui, oui, et que vous tomberez dans quelque déplorable folie, car