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DE
L’INFLUENCE LITTÉRAIRE
DANS LES BEAUX-ARTS

M. JOHN RUSKIN ET SES IDÉES SUR LA PEINTURE.

Modern Painters (les Peintres modernes), 5 vol. in-4o, 1843-1860. London, Smith, Elder.

En parlant, il y a quelque temps, dans la Revue, de l’homme remarquable qui depuis dix-sept années entretient en Angleterre une sorte d’agitation pour la réforme des beaux-arts, je me proposais surtout de faire connaître ses idées sur l’architecture[1]. Quant à la théorie générale d’esthétique qui sert de base à ces idées, je m’étais borné à l’indiquer, en remarquant que, pour en voir ressortir nettement la portée et le caractère, il fallait l’étudier dans ceux des écrits de M. Ruskin qui ont plus spécialement trait à la peinture. Depuis cette époque, ce sont précisément ses vues sur la peinture qu’il a achevé de développer en publiant le cinquième et dernier volume de ses Peintres modernes, et aujourd’hui je voudrais profiter de la circonstance pour discuter plus à fond ses principes. Je le fais d’autant plus volontiers que, sans nous éloigner de M. Ruskin, nous entrerons en plein dans une question intéressante et à peine soulevée jusqu’ici, celle de l’influence que les esprits littéraires ont exercée sur les artistes. Évidemment les temps héroïques de la peinture sont passés. Quoique dans ces dernières années elle ait eu un beau réveil, que sous le rapport de l’habileté elle ait fait d’inces-

  1. Voyez la livraison du 1er juillet 1860.