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du parlement, et de cette époque récente datent les développemens qu’ont pris ses jeunes cités, des mesures bien réglées pour la distribution des terres et l’exploitation des mines, en un mot les premiers et solides élémens de sa prospérité.


II.

Tout en restant bien loin encore des opulentes cités qui sont sorties si promptement, sous la double influence de l’or et de la grande culture, du sol de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande, les villes naissantes de l’île de Vancouver et du Frazer ne sont cependant pas sans intérêt et sans importance. D’abord elles ont pour elles le mérite de leur position, et, comme nous l’avons déjà dit, l’excellence de leurs ports. C’est à l’extrême pointe sud-est de la grande île qu’est situé leur chef-lieu. Les Anglais, par un choix qui témoigne de la constance de leur courtoisie et de leur patriotisme, mais qui n’est pas sans inconvénient pour la clarté géographique, lui ont donné, comme à tant d’autres lieux, le nom de Victoria.

En fondant une ville dans leurs possessions de cette côte du Pacifique, les Anglais ne cachaient pas qu’ils n’aspiraient à rien moins qu’à donner une rivale à San-Francisco et à organiser une sérieuse concurrence contre cet entrepôt des richesses de l’Amérique et de l’Océanie. Tant s’en faut qu’ils soient arrivés à ce point, et il est douteux qu’ils y parviennent jamais. Cependant, on ne peut le nier, le site a été bien choisi. Il avait été désigné dès l’année 1842 par le gouverneur Douglas, un des hommes qui connaissaient le mieux les moindres ressources et les baies du littoral. En 1846, sir George Simpson applaudissait à ce choix, et vantait l’excellence de la position, du climat et du mouillage. Aussi la ville ne tarda-t-elle pas à s’élever. Son emplacement est uni, étendu, bien disposé, à l’est du port, entouré de vastes terrains fertiles, et dominé au loin par des montagnes souvent chargées de neige. Elle a le désavantage de n’avoir pas d’autre eau que celle des puits; mais il est question d’en amener de sources et de lacs situés à peu de distance. Les rues, droites et régulières, sont larges et macadamisées; les maisons, généralement en bois et surmontées de cheminées en briques, sont propres et bien entretenues. On a bâti des églises, un palais pour le gouverneur, des magasins, un hospice. A la porte de la ville, il y a un parc ombragé de chênes. Les faubourgs sont également plantés d’arbres. Le port, sans valoir celui d’Esquimalt, est intérieurement vaste et profond; l’entrée en est gênée par un banc de sable étroit qu’il est question d’enlever. La population de cette ville monte aujourd’hui à trois mille âmes.