Page:Revue des Deux Mondes - 1861 - tome 34.djvu/959

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immenses forêts peuvent fournir un long aliment à un commerce de bois considérable. De plus, elle possède des mines de charbon de terre. Vancouver n’exploite pas l’or de ses rochers et de ses cours d’eau, parce qu’il y est trop clair-semé pour payer les frais de l’extraction; mais cette île a dans la houille une autre source de profits qui, sur les bords du Pacifique, n’est guère moins précieuse. La consommation qui s’en fait sur le Grand-Océan atteint le chiffre énorme de 200,000 tonnes par an. San-Francisco seul en a importé en 1859 79,000 tonnes et 70,000 en 1860. Soixante-dix steamers environ sont annuellement employés à porter au railway de Panama un chargement qui s’élève à environ 100,000 tonnes. Les côtes du Pacifique ne fournissent guère plus de 10 pour 100 de cette énorme consommation, et c’est le Chili presque seul qui apporte ce contingent. La question de la houille est une de celles qui ont le plus d’importance sur tout le littoral; souvent les feuilles californiennes célèbrent des découvertes de gîtes houillers à Mary’sville, Stockton, sur le Sacramento et le San-Joaquin. Rien de sérieux cependant ne s’est encore produit à cet égard, et il n’existe au nord du Pacifique d’exploitation vraiment importante qu’à la baie de Bellingham, dans la partie septentrionale de la Colombie américaine. Or des gisemens de houille considérables ont été récemment découverts dans toute la région inférieure de l’île Vancouver, de Nitinat à Nanaïmo, sur les deux côtes. L’exploitation en est facile, et déjà elle alimente les steamers de la colonie et ceux de la compagnie de la baie d’Hudson. Ce charbon est, à ce qu’il paraît, sous le rapport de la qualité, assez semblable à celui que l’on extrait des mines de l’Angleterre. La compagnie de la baie a installé des machines, des travailleurs à Nanaïmo, qui est ainsi devenu subitement un centre actif d’industrie. Un assez grand nombre d’Indiens y sont employés. Dans le nord de l’île, la houille a été signalée aussi à Koskeemo, près de Beaver’s harbour, le port des Castors. Sur le continent, on en a reconnu plusieurs lits dans le delta du Frazer, mais situés d’une façon défavorable pour l’exploitation ; il en existe aussi à l’entrée du canal Burrard, un peu au-dessus du fleuve, et enfin aux dernières limites septentrionales de la colonie, à Port-Essington, vers le 54e ’degré de latitude, en face de l’archipel de la Reine-Charlotte. L’exportation du charbon de Vancouver a commencé en 1858; elle s’est élevée à 1,700 tonnes, et elle a été de 2,000 l’année suivante.

À cette richesse minérale de Vancouver, il faut ajouter les sources salées de cette île; elles sont nombreuses. Nanaïmo en possède une qui donne un gallon d’eau par minute et une livre de sel par gallon. Ce n’est pas, il est vrai, la quantité fournie par les sources de l’Utah, qui donnent en sel le tiers de leur poids.