Depuis quelques années, la science analyse avec plus de rigueur qu’on ne pouvait le faire autrefois les rapports qui unissent le monde inorganique au monde organisé. Elle a démontré que la substance des êtres vivans ne diffère pas de celle des corps inertes et insensibles : la vie prend ses matériaux dans le monde physique sans en altérer les propriétés fondamentales, et la mort les rend intacts à ce gouffre de la substance matérielle, d’où ils ont été tirés un moment pour revêtir des formes éphémères. La science a fait un pas de plus : elle ne s’est pas contentée de prouver l’identité permanente et essentielle des corps simples répandus dans le règne inorganique et le règne organisé ; elle a réussi à recomposer de toutes pièces, sinon l’être vivant, au moins les parties constituantes des organismes ; elle ne fait ni une fleur, ni un fruit, ni un muscle, mais elle fabrique les principes chimiques que nous pouvons en extraire. Ira-t-elle jamais plus loin ? pourra-t-elle quelque jour disposer des forces mystérieuses qui unissent ces principes pour en faire de véritables organismes et rattacher ces organismes entre eux pour les faire concourir à une action commune et individuelle ? Il est permis d’en douter, et il faut même quelque audace pour poser une semblable ques-
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Apparence
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LE
PROBLÈME DE L’ÂME
DEVANT LA MÉTAPHYSIQUE ET LA SCIENCE
I. La Vie dans l’homme, par M. J. Tissot, 1861. — II. Tableaux de la vie animale, par M. Ch. Vogt. — III. Le Cercle de la vie, par M. Molesthott, — IV. Force et Matière, par M. L. Büchner. — V. Le Monde en tant que volonté et représentation, par M. Schopenhauer. — VI. Anthropologie, par M. Hermann Fichte. — VII. Nature et Idée, par M. Carus.