quelle ils auraient des comptes à rendre. On assure que le prince Gortchakof aurait lui-même exposé à l’empereur ses doutes sur la légalité de la mesure qui institue la commission. Les Finlandais, plus heureux que d’autres, aiment donc à compter sur la bienveillance de l’empereur ; ils espèrent que leur souverain leur donnera raison contre leurs compatriotes intéressés qui composent le conseil administratif, et leur rendra enfin une constitution qu’ils ne veulent point oublier, quoiqu’aucun d’eux ne l’ait vue pratiquée depuis l’annexion de la Finlande à la Russie.
Parmi les affaires de nationalités qui défraient à peu près exclusivement la politique courante, la moins attrayante était certainement celle du Holstein, et l’on ne sera pas fâché de la voir disparaître du rôle, au moins pour quelque temps. Le Danemark a consenti à renoncer pour cette année à la part qui était imputée au Holstein sur les dépenses générales de la monarchie, part de contribution qui avait été fixée sans le consentement des états. La diète de Franfort a en conséquence sursis à l’exécution fédérale, et a pris ses vacances, qui dureront jusqu’à la fin d’octobre. D’après les dépêches qui ont été publiées, il semblerait que c’est la Prusse qui a pris l’initiative de cette transaction provisoire. Il est inutile de dire que l’opinion, pas plus en Danemark qu’en Allemagne, n’a favorablement accueilli cette demi-solution. Le Danemark a fait une excellente contenance pendant le dernier épisode de ce vieux procès : quelques Danois regrettent presque qu’il n’ait pas été procédé à l’exécution fédérale, à laquelle ils étaient prêts à faire un vigoureux accueil. Qu’ils se consolent en voyant la pénible impression que cet ajournement, on n’ose pas dire cet arrangement de la question holsteinoise a produite en Allemagne, car, bien qu’on ait peine à comprendre qu’il en soit ainsi, il n’est point d’affaire où l’amour-propre germanique soit plus vivement engagé. Les Allemands belliqueux se plaignent à tort du rôle que la Prusse aurait joué en cette circonstance. On a parlé de cette question du Holstein dans l’assemblée générale du National Verein, qui s’est réunie à Heidelberg. On s’y est entretenu de la Hesse-Électorale. On y a pris des résolutions en faveur du tir et de la gymnastique, et pour la création de la flotte allemande. La contribution que l’association a votée pour la flotte sera déposée entre les mains du ministre de la marine de Prusse. Le National Verein a motivé une de ses résolutions sur ce que « il n’y a pas en ce moment de pouvoir central en Allemagne. » Cela est peu respectueux pour la diète de Francfort. L’association unitaire allemande a commis sans doute des indiscrétions et des imprudences. Un des membres les plus libéraux de la chambre wurtembergeoise, M. Mohl, frère du représentant de Bade à la diète, a reproché vertement à l’association de se montrer trop partiale en faveur de la Prusse. Cependant, malgré les critiques méritées qu’elle a encourues, l’association a fait depuis son origine de notables progrès, et c’est une manifestation de l’opinion allemande dont il y a lieu de tenir compte. Quelques faits statistiques communiqués à l’assemblée de Heidelberg donneront une idée de l’importance de l’association.