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Szegedin ; nous voici à Temesvar, au centre du Banat. Temesvar est la capitale du Banat et de la Voyvodie serbe. Cette ville est située au bord de la Témes, qui prend sa source dans les montagnes des confins militaires et se jette dans le Danube à Panscova. Assez régulièrement construite, avec de grandes places et quelques belles maisons, elle renferme près de trente mille habitans. Temesvar n’est pas seulement le siège de l’administration du Banat et de la Voyvodie ; c’est aussi là que résident trois gouverneurs des confins militaires, bien que leurs trois gouvernemens aient chacun une capitale à part. On sait que les confins militaires sont des espèces de colonies armées, qui défrichent et défendent le pays sur ces frontières lointaines, où un incroyable mélange de races exige des institutions toutes spéciales. L’Autriche, comme la Russie, a eu recours à ce système et s’en est trouvée assez bien. Or des différentes colonies, c’est-à-dire des régimens coloniaux qui forment les confins militaires de l’Autriche, il y en a trois, les régimens du Banat allemand, du Banat illyrien et du Banat roumain, dont les chefs demeurent à Temesvar, comme les autorités militaires ou civiles de tout le Banat et de la Voyvodie. Le Banat, la Voyvodie et ces trois régimens que nous venons de nommer composent toute la partie sud-est des possessions de l’Autriche dans les contrées du Danube. Ce groupe d’états est borné au nord par la Hongrie, à l’est par la Transylvanie et la Valachie, au sud par le Danube, la Serbie et la Syrmie, à l’ouest par la Hongrie et la Slavonie. C’est un pays de plaines en général, excepté dans la colonie militaire du Banat roumain et dans le district des mines d’Oravicza.

On trouverait difficilement dans un autre pays de l’Europe un mélange de races comme celui que présentent le Banat et la Voyvodie serbe. D’après un recensement qui date de 1846, la population, dont le chiffre est à peu près d’un million et demi, se répartit de la manière suivante : 416,930 Valaques, 402,890 Serbes, 351,730 Allemands, 232,730 Magyars, 26,860 Slovaques, 23,900 Bulgares, 16,270 Juifs, 12,000 Zigeuners, 7,120 Ruthènes, 3,000 Croates et 2,960 Grecs. Les trois colonies militaires dépendant du Banat renferment environ 233,000 habitans. On voit combien de races et de langues différentes dans ce petit coin de l’Europe. Quelques géographes ont essayé de fixer sur la carte le domaine propre de chacun de ces idiomes ; mais ce ne peuvent être là que des indications très générales, car, dans les endroits mêmes où telle race d’hommes offre le rassemblement le plus compacte, il y a encore de si nombreux mélanges que la statistique doit renoncer à des classifications régulières. Si l’on se contente de résultats approximatifs, voici, dit-on, les plus fidèles : les Roumains sont établis surtout à l’est du