Qui a jamais lu un traité sur le gouvernement représentatif ? L’exemple ou l’étiquette de la chose est partout, la théorie nulle part. Ce n’est pas que les aperçus et même les doctrines fassent défaut en ce sujet : on a dit les choses les plus piquantes sur la souveraineté de la raison et le gouvernement de la bourgeoisie, tout a été occasion aux chefs de partis pour commenter ou professer le régime sous lequel ils vivaient. Malgré tout, on ne peut pas dire que ce régime ait suggéré à tant d’habiles interprètes une œuvre méthodique et magistrale, quelque chose comme celle de Montesquieu sur l’Esprit des Lois, d’Adam Smith sur la Richesse des Nations, de Tocqueville sur la Démocratie américaine ; il manque ici le poids d’un livre, et ce n’est pas peu de chose que cette lacune.
C’est fort bien fait à une institution d’être historique, immémoriale, et de remonter aux brumes du moyen âge, sans offrir nulle part le moindre vestige de raison théorique. Peut-être faut-il la classer pour cela parmi ces idées innées comme en ont quelquefois les peuples, parmi ces choses nécessaires et vitales qu’une providence judicieuse ne confiera jamais à la sagesse humaine ; mais ce qui n’a pas commencé par la science doit au moins finir par là. Quand on a été trouvé dans les bois, ce qui est l’origine assignée par Montesquieu