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LE DRAC.

LE DRAC.

Il faut ne pas la revoir, t’en aller, et lui écrire que c’est toi qui ne veux plus d’elle. Comme ça, son père la laissera tranquille.

BERNARD.

C’est vrai. T’es pas bête, toi ! Mais moi, je suis trop malheureux ! Allons, je m’en vas, j’écrirai demain. il veut s’en aller.

LE DRAC.

Non pas, tout de suite.

BERNARD.

Avec quoi ? J’ai rien.

LE DRAC, courant à la cheminée.

Tiens ! un charbon… sur le mur,

BERNARD.

Allons ! il écrit. « Francine, adieu ! »

LE DRAC.

C’est pas assez

BERNARD.

Comment, c’est pas assez ?

LE DRAC.

Non, faut que son père croie que ça vient de toi.

BERNARD.

Quoi mettre ? Écrivant. Je…

LE DRAC.

Je t’oublie !

BERNARD.

C’est pas vrai.

LE DRAC.

C’est pour ça !

BERNARD, écrivant.

« Je t’oublie ! » Ça y est. Malheur !

LE DRAC.

À présent, signe et va-t’en.

BERNARD.

C’est fait ; mais jamais de ma vie je n’ai écrit de mensonge pareil ! Ah ! Francine, j’en mourrai, c’est sûr. Malheur ! ah ! malheur ! il sort.


Scène XV.

LE DRAC.

Oui, trois fois malheur, comme dans ton rêve… Mais ce que tu as eu la faiblesse d’écrire ne suffit pas à ma vengeance ! il fait apparaître sur l’inscription, au lieu des mots : Je t’oublie, les mots : Je te méprise.