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et 3 fr. 20 c, en supposant le papier-monnaie, valeur d’Autriche, au pair. L’agio de l’argent par rapport à ce papier étant aujourd’hui de 35 pour 100, les prix actuels de transport sont en réalité inférieurs d’un quart environ aux chiffres ci-dessus.

Dans tous les calculs que nous allons faire relativement aux frais de transport, nous continuerons de compter au pair le papier, seule monnaie dans laquelle sont payés les tarifs des voies de navigation et des chemins de fer. On doit espérer que l’agio actuel ne tardera point à s’abaisser, sinon à disparaître entièrement. La différence résultant de cet agio pendant tout le temps qu’il se maintiendra encore constitue une véritable prime à l’appui de nos appréciations, et comme, selon toutes les probabilités, lorsque l’ère du papier-monnaie sera close, les grandes compagnies de chemin de fer pour lesquelles l’exportation de la Hongrie doit être une nouvelle source de richesses n’hésiteront pas à réduire, dans les longs parcours, au taux très rémunérateur encore de 6 centimes par tonne et par kilomètre leur tarif, qui est aujourd’hui au pair du papier de près de 7 centimes, on peut considérer comme acquis que les céréales de Hongrie n’auront à supporter, dans les années qui vont suivre, pour arriver à Trieste, que des frais de transport toujours inférieurs à ceux que nous portons en compte dans nos calculs.

En passant sur la rive gauche du Danube, nous trouvons d’abord sur la Theiss deux points principaux de concentration : Szolnok et Szégédin. De Szolnok, où viennent converger les produits de la région nord de la grande vallée de la Theiss, jusqu’à Trieste, plusieurs routes sont ouvertes, l’une par Pesth, entièrement en fer, ayant un développement de 713 kilomètres, huit ou dix jours de trajet, 3 fr. 90 c. de frais par hectolitre. Les autres voies sont mixtes. On peut descendre la Theiss jusqu’à Tittel, puis le Danube jusqu’à Belgrade, et remonter la Save jusqu’à Sissek, pour prendre là le chemin de fer de Trieste. Le parcours total est de 1,690 kilomètres, dont 1,347 de navigation ; la durée moyenne du trajet est de vingt à vingt-cinq jours, les frais par hectolitre de 3 fr. 60 c, et moins encore, si, au lieu d’employer le remorquage à vapeur, on a recours à la batellerie ordinaire. On pourra encore descendre la Theiss jusqu’à Tittel, remonter ensuite le Danube et la Drave, et atteindre le chemin de fer à Kottori. Si les travaux entrepris sur la Drave ont les résultats attendus, cette route sera sensiblement plus courte et plus économique que la précédente. Szégédin, placé à la fois sur le chemin de fer, la Theiss et la Marosch, se trouve, quant à ses communications avec Trieste, dans des conditions tout à fait analogues à celles de Szolnok. Par chemin de fer, en passant par Pesth, la distance est de 800 kilomètres, la durée du trajet de dix jours environ, les frais par hectolitre de 4 fr. 40 c. Par les voies mixtes de la Save ou de la Drave, le parcours jusqu’à Trieste est de 285 kilomètres plus court qu’au départ de Szolnok. Le coût du transport serait de 3 fr. 40 cent, par hectolitre et de 3 fr. 20 cent, au plus en se servant de la batellerie ordinaire.