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dans un discours prononcé en allemand, qui fit une vive impression sur l’assemblée.

Tandis que les diètes locales s’assemblaient, soit en vertu du statut provincial décrété en 1861, soit conformément aux anciennes constitutions, seule de toutes les provinces, la Transylvanie ne fut ni pourvue d’un statut particulier, ni autorisée à convoquer une diète locale. Bien que le rétablissement de la chancellerie transylvaine eût déjà signalé le dessein d’accorder à ce pays des satisfactions analogues à celles des autres états de la monarchie, il y avait là une situation délicate à respecter. La Transylvanie en effet n’a été réunie à la Hongrie que dans la période révolutionnaire de 1S4S, et en vertu d’une déclaration antérieure d’une diète transylvaine dont les termes ambigus n’ont jamais été ratifiés par l’assentiment public. Depuis lors, les Roumains de la Transylvanie avaient plus d’une fois protesté contre les prétentions des Magyars. De son côté, le gouvernement impérial s’était formellement déclaré contre toute réunion de la Transylvanie à la Hongrie. Il était donc inutile de compliquer par un nouvel élément de discorde la situation, déjà très tendue, de la Hongrie vis-à-vis de la Croatie et de la Dalmatie. Aussi, pour sauvegarder les droits des Roumains, dont les Magyars établis en Transylvanie auraient peut-être fait bon marché dans une diète locale, le cabinet impérial différa la réunion de la diète transylvaine.

En se décidant plus tard à convoquer cette diète pour le 4 novembre 1861, le ministère autrichien a fait encore preuve de prudence. Les Magyars qui habitent la Transylvanie forment la classe des grands propriétaires ; ils occupent les onze comitats dont Klausenbourg est la ville principale. Les Roumains au contraire sont surtout agglomérés dans les neuf sièges dont Hermanstadt, autrefois la capitale du pays tout entier, est encore le chef-lieu. Le gouvernement impérial a décidé que les séances de la diète transylvaine n’auraient lieu ni à Hermanstadt ni à Klausenbourg, mais bien à Karlsbourg, ville de onze mille âmes, sur la Marosh. Il importe toutefois de remarquer que cette ville appartient à l’un des onze comitats hongrois. Par contre, en fixant à 8 florins le cens électoral, il a été stipulé qu’on tiendrait compte de tous les impôts directs. Les Magyars prétendaient que l’impôt foncier fût seul compté pour le cens. L’ouverture de la diète de Karlsbourg, qui doit envoyer trente-six députés au conseil de l’empire, n’a pu encore avoir lieu. Des difficultés locales l’ont fait ajourner une première fois au 25 novembre. En effet la majorité des membres du gouvernement transylvain s’est tout d’abord refusée à publier l’édit de convocation d’une diète qu’elle considérait comme illégale, puisque en 1848 la Transylvanie