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dans ses fonctions par le prince Lobkovitz. Les élections pour le Reichsrath donnèrent lieu d’ailleurs dans le Tyrol à quelques incidens. Les districts de la partie méridionale du Tyrol qui confine à l’Italie, composant les cercles de l’Adige, de Trente et de Roveredo, renferment une population de 325,000 Italiens, qui se sont refusés à nommer des députés à la diète même d’Inspruck. Dans l’Istrie, dont les habitans sont mi-partis Slaves et mi-partis Italiens, la diète provinciale s’est réunie ; mais, sur son refus réitéré de nommer des députés au Reichsrath, elle a été dissoute par décret impérial. En vertu de l’article de la constitution de 1861 qui autorise le gouvernement à faire procéder directement au choix des députés au conseil de l’empire par les électeurs provinciaux dans le cas où les diètes ne rempliraient pas leur mandat, les districts illyriens furent invités dans les premiers jours du mois de septembre 1861 à nommer directement leurs représentans. Sur douze députés des communes rurales, on en compte six favorables à la politique ministérielle.

Les statuts provinciaux promulgués le 26 février ne s’appliquaient ni à la Hongrie, ni à la Croatie et l’Esclavonie, ni au royaume de Transylvanie. Le diplôme du 20 octobre avait en effet déjà stipulé les dispositions nécessaires pour rétablir dans ces pays l’exercice des anciennes constitutions ; mais il avait fallu mettre ces lois antérieures en harmonie avec le diplôme impérial, et les renfermer dans les limites imposées par cet acte : c’est ainsi que le gouvernement avait créé des positions particulières à la Hongrie, à la Croatie et l’Esclavonie, enfin à la Transylvanie, en les séparant, il est vrai, les unes des autres et en s’opposant à leur réunion. La Dalmatie au contraire se trouvait comprise dans les états auxquels les statuts provinciaux étaient applicables. Néanmoins, dans l’ordonnance générale du 26 février, l’empereur, considérant que la position du royaume de Dalmatie vis-à-vis de la Croatie et de l’Esclavonie n’était pas encore définitivement décidée, déclara que le statut pour le royaume de Dalmatie ne pourrait pas encore entrer complètement en vigueur. La Dalmatie était en effet revendiquée comme une annexe par la Croatie, de même que cette province, ainsi que la Transylvanie, était l’objet des réclamations hongroises. Si l’on se rappelle cependant que le principal but de la réunion des diètes provinciales était la nomination des députés au Reichsrath, il convient de comprendre la Dalmatie au nombre des provinces qui exercèrent leurs droits constitutionnels conformément à la volonté du souverain. En effet, tandis que les diètes d’Agram et de Pesth refusaient d’envoyer des députés à Vienne, la Dalmatie nomma ses représentans au conseil de l’empire, et l’un d’eux protesta devant la seconde chambre contre les prétentions croates, au nom des principes mêmes du libéralisme,