Page:Revue des Deux Mondes - 1862 - tome 37.djvu/160

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LA
BANQUE DE FRANCE
ET
LE CREDIT

Toutes les fois que la Banque de France juge à propos, en vue d’une crise, d’élever le taux de son escompte pour sauvegarder son encaisse, cette mesure rencontre de nombreux contradicteurs. Il y a d’abord ceux qui, tout en reconnaissant à la Banque le droit de prendre des mesures préservatrices, en discutent l’opportunité, parce qu’ils envisagent les faits autrement que la Banque, et qu’ils ne croient point à la crise que celle-ci paraît redouter. On a dit qu’il n’y avait rien de brutal comme un fait : cela est vrai des faits dont l’évidence éclate à tous les yeux ; mais ces faits-là se rencontrent rarement en économie politique et financière. La plupart se présentent au contraire sous un jour plus ou moins douteux, qui laisse nécessairement assez de place à la discussion. N’a-t-on pas vu, il y a quelques mois, la presse officieuse, les avocats mêmes du gouvernement, traiter de calomnies toutes les observations qui étaient présentées, souvent très timidement, sur l’exagération des dépenses et les dangers qui pouvaient en résulter ? On niait les découverts, on niait l’énormité de la dette flottante, et l’on prétendait que jamais les finances de l’état n’avaient été mieux conduites et plus prospères. Cela se disait encore la veille même du jour où parut le mémoire de M. Fould, qui est devenu la lumière pour tout le monde. S’il en peut être ainsi pour un fait qu’il est aisé de vérifier par le calcul, à plus