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un juge hanovrien au lendemain d’une entreprise de prétendant. Pourquoi multiplier les avertissemens dans un temps de réforme financière ? C’est surtout par le concours confiant de l’opinion que des réformes de ce genre réussissent ; or l’opinion a besoin de se croire libre pour s’ouvrir à la confiance. C’est par l’indulgence envers la presse qu’il serait sage en ce moment de préparer l’opinion aux mesures de M. Fould. M. Saint-Marc Girardin a pu se tromper, au gré de M. de Persigny, dans la fine tournure qu’il a donnée à un compliment ; mais nous sommes sûrs qu’il ne figurera point parmi les adversaires du ministre des finances, et nous eussions aimé, sur ce point, à nous trouver d’accord avec celui des collègues de M. Fould qui tient dans ses mains le sort de la presse.

Nous avions, en commençant, négligé de compter la Hollande parmi les pays auxquels les questions financières donnent du souci. La Hollande ne court certes point les mêmes périls que des états, plus grands et plus puissans qu’elle ; mais elle veille attentivement à la bonne administration de ses ressources, et la discussion du budget vient d’être au sein de son parlement une chaude affaire. La seconde chambre n’a pas consacré moins d’un mois au débat et au vote du budget. Les ministres n’ont pas tous eu à se louer de cette épreuve. Le ministre de l’intérieur, M. van Heemstra, s’est vu refuser le chapitre de l’intérieur, comme qui dirait chez nous une grande section du budget, et pour l’expédition des affaires la chambre a voté à l’unanimité un simple crédit. Les chapitres des finances et de la guerre ont soulevé une opposition marquée ; on a passé sur le ministère de la marine, dont le nouveau titulaire, le contre-amiral van Kattendyle, propose un nouveau système maritime dont l’examen a été renvoyé à une commission. On s’est ardemment disputé, sur les projets de réforme coloniale de M. Landon, qui ont motivé la sortie du cabinet de l’ancien ministre des affaires étrangères, M. van Zuylen. Bref, après avoir ébauché le budget en plusieurs endroits, on a fini par rejeter le chapitre des dépenses imprévues, ce que l’on appellerait chez nous les dépenses extraordinaires. L’année politique finit donc pour la Hollande sur cette interrogation : le cabinet sera-t-il remanié ? la chambre sera-t-elle dissoute ? e. forcade.



LES CONTES DE PERRAULT illustrés par Gustave Doré.[1]

Les contes de Perrault ont eu depuis deux siècles une quantité de bonnes fortunes, qui auraient sans doute fort étonné, s’il avait pu les prévoir, l’auteur modeste et ingénieux auquel nous devons la très habile et cependant très naïve rédaction de ces charmans récits. Leur première et leur plus grande bonne fortune a été l’adoption qu’en a faite l’inventif écrivain qui leur a donné son nom. Orphelins de la tradition, enfans déclassés et sans asile de l’inspiration chevaleresque ou de la poésie populaire, ils ont été

  1. Paris, Didot et Hetzel, 1862.