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demandée, s’effrayait de toute concession faite ; l’autre savait avoir encore d’immenses réformes à obtenir. Charles Ier s’indigna très sincèrement qu’on osât, après son acquiescement à la pétition de droit, lui remettre la remontrance contre Buckingham. Il pensait en avoir fini d’un coup avec les tracasseries de ses fidèles communes. Détrompé là-dessus et, se croyant dupe, il revint encore à ses premières réserves, et la pétition parut accompagnée de la déclaration explicative que lui-même avait supprimé. « Il craignait, disait-il que l’on ne se méprît sur ses véritables intentions. » La chambre fut prorogée là-dessus, le jour même où elle allait présenter finie nouvelle remontrance sur la levée illégale des droits de douane.

Quand le monarque et son quatrième parlement se retrouvèrent en présence (1629), ils semblaient pouvoir se mettre d’accord. Buckingham dans l’intervalle était tombé sous le couteau de Felton ; mais les questions fondamentales restaient, et les âpres invectives d’Eliot poursuivaient Neele et Weston[1], comme jadis leurs prédécesseurs. « C’est le même esprit qui les anime, s’écriait-il ; ils veulent briser les parlemens de peur que les parlemens ne les renversent : » L’ardeur du zèle religieux compliquait encore l’agitation politique. Pressés de voter les subsides, les députés répondaient, par l’organe d’un de leurs plus jeunes collègues : « Les affaires du roi du ciel doivent passer avant celles du roi terrestre. » Ceci est presque maiden speech d’Olivier Cromwell.

L’orage alla grossissant toujours jusqu’à la séance du 2 mars 1629, où la timidité du speaker irrita l’assemblée, qui tout à coup se trouva sur pied, en proie au déchaînement des passions les plus extrêmes ; les deux partis qui la divisaient faillirent en venir aux mains et tirer l’épée. Le président retenu de force sur son siège, des résolutions votées en dépit de sa résistance, les portes refusées au sergent d’armes qui venait enlever les insignes présidentiels, le capitaine des gardes appelé à forcer l’entrée de la chambre des communes, il n’en fallait pas tant pour mettre le roi hors de lui et constituer à ses yeux une véritable sédition. « Ils ont projeté ma ruine, » disait-il. Et la chambre fut dissoute immédiatement ; on ne la convoqua même pas pour entendre l’allocution traditionnelle du lord keeper. Cette harangue ne fut adressée qu’à la chambre haute. Le roi, déposant le vêtement d’apparat qu’il avait dû revêtir pour la cérémonie, prononça, dit-on, ces paroles de mauvais augure : « Voilà uni costume que je ne remettrai jamais. » puis il fit mander devant le conseil dix des opposans les plus déterminés. Eliot, Denzil Mollis, Selden,

  1. L’un évêque de Winchester et patron de Laud, dont il fit la fortune politique, l’autre le lord trésorier, comblé des faveurs de Charles Ier, et en butte à la haine populaire, qui lui reprochait ses tendances au papisme aussi bien que son zèle fiscal.