Page:Revue des Deux Mondes - 1862 - tome 37.djvu/967

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

100 au capital nominal de 3 milliards 800 millions ; je voudrais convertir cette dette en une somme égale de rentes 3 pour 100 au capital nominal de 5 milliards 766 millions. Je n’attends pas l’époque où j’aurais le droit et la possibilité de vous obliger à opter entre la réduction de l’intérêt et le remboursement du capital au pair, et je vous offre un marché, je désire que vous l’acceptiez ; il sera d’ailleurs avantageux pour vous. Je donnerai à chacun de vous, en 3 pour 100, la même somme de rentes qu’il possède en 4 1/2 ; seulement, comme ces rentes nouvelles au cours respectif des deux fonds représenteront un capital réalisable plus élevé en 3 pour 100 qu’en 4 1/2, je ne puis vous en faire l’entier abandon, et nous en partagerons la différence. Trois francs de rentes 3 pour 100 au cours de 72 francs par exemple fixent le prix de 4 fr. 50 de rente à moitié en sus, c’est-à-dire à 108 francs ; j’aurai bientôt le droit de vous rembourser, moyennant 100 francs, vos 4 fr. 50 de rente 4 1/2 pour 100 ; partageons les 8 francs. » Tel est le plan de M. Fould ; il ne reste à déterminer que la part qu’il veut faire à l’état et aux rentiers dans la différence. Cette part dépendra forcément du cours de la rente 3 pour 100, qui, jusqu’ici et par suite de ventes considérables, n’a pas encore atteint le taux qui faciliterait la conversion.

Une telle proposition, a dû se dire M. le ministre des finances, est simple, avantageuse ; elle sera acceptée par le plus grand nombre. — Son attente peut être trompée pour plusieurs motifs : d’abord il ne faut pas oublier que la consolidation des livrets de la caisse d’épargne en 1848 et les emprunts par voie de souscription nationale ont mis une bonne part de la rente 4 1/2 pour 100 dans les mains de gens qui savent peu ou qui ne savent pas du tout ce que c’est que le crédit public, la rente et les différences de cours entre les divers fonds. Beaucoup de ces gens-là croient fermement qu’il est impossible qu’un capital placé en 3 pour 100 rapporte à peu de chose près le même intérêt qu’un capital placé en 4 1/2 ; ils seraient persuadés qu’on se moque d’eux, si on cherchait à le leur démontrer. Ce qui prouve que, quand on s’adresse au public pour lui demander quelque chose, il faut tenir grand compte de ses préjugés et de son ignorance. A. cette première catégorie s’ajoute celle, fort nombreuse aussi, des petits rentiers qui, prêts à accepter la conversion soit parce qu’ils se sont laissés convaincre, soit parce qu’ils ont confiance en ceux qui la leur offrent, en sont empêchés faute de