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résidu charbonneux riche en phosphates et matières animales, que les raffineries d’Allemagne et de Russie expédièrent en France leurs résidus de sang coagulé et de charbon d’os, jusque-là rejetés comme sans valeur. Peu de temps après, le sang des animaux de boucherie, recueilli dans les abattoirs de la métropole, coagulé par la vapeur, desséché, puis réduit en poudre, ainsi que la chair musculaire soumise aux mêmes opérations ; mais provenant des chevaux hors de service abattus à Montfaucon, furent expédiés aux Antilles pour fertiliser les champs de canne. Ce fut alors enfin qu’une série de recherches scientifiques poursuivies en France vint signaler à l’attention publique les bons effets agricoles des matières azotées fermentescibles et des phosphates, et que l’un des plus riches engrais connus, le guano des îles Chincha, faiblement exploité jusque-là pour les cultures restreintes des côtes du Pérou, donna lieu à d’immenses transports entre ces lies et l’Angleterre, la France, l’Espagne, la Hollande et les colonies de ces nations.

Dans ces îles du Pérou, les excrémens solides et liquidés que les oiseaux ont accumulés depuis des siècles, n’étant pas exposés à l’action dissolvante des eaux pluviales, conservent leur richesse en sels ammoniacaux, matières azotées et phosphates, solubles et insolubles. Cet engrais, le plus puissant que l’on connaisse, le plus efficace sur la plupart des terrains, et dont le cours commercial, graduellement plus élevé, se trouve en ce moment proportionné à sa valeur réelle, cet engrais si énergique ne contient aucune trace de débris végétaux. C’est un témoignage de plus en faveur des détritus animaux et contre les détritus pailleux dans la fertilisation de toutes les terres. Aussi reconnait-on maintenant les avantages des litières terreuses et de la stabulation sans litière, qui, dans les régions agricoles où le bétail est nombreux et l’agriculture très avancée, permettent de faire consommer la totalité des pailles et des divers autres fourrages aux animaux de la ferme[1], réduisant ainsi les engrais de l’exploitation, soit à des mélanges pulvérulens de terres sèches et de déjections, soit à des engrais fluides qu’on répand en arrosages. Les matières organiques azotées et les matières salines désagrégées ou dissoutes se rencontrent en quantités bien plus notables dans ces engrais que les débris ligneux ou l’humus végétal dont l’abondance est souvent trop grande parmi les chaumes et débris divers qui restent inévitablement sur le sol après toutes les récoltes.

La stabulation sans litière offre un triple avantage : elle facilite

  1. Une grande partie de ces fourrages sont hachés et soumis à la cuisson par la vapeur dans presque toutes les fermes anglaises ; dans quelques-unes des nôtres, on les prépare plus économiquement encore en les mélangeant avec des résidus alimentaires sortant tout chauds et humides des distilleries agricoles.