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Page:Revue des Deux Mondes - 1862 - tome 38.djvu/307

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éloignées du sujet. Trouvant au fond de notre analyse cette loi, ce fait capital, que le comté anglais est au régime de la tradition, ne sommes-nous pas autorisé à nous arrêter et à conclure ? Assurément nous avons là ample matière aux réflexions, aux inductions les plus légitimes, puisque ce fait caractérise le pouvoir local dans la plus grande partie du royaume-uni. Peut-on raisonner en ce sujet sur des données plus solides et plus complètes ?

Cependant vous seriez peut-être bien aise d’apprendre quelque chose sur ce qui se passe localement en Irlande, en Écosse, dans les bourgs, dans les paroisses. Après tout, cette curiosité est naturelle. Seulement je préviens le lecteur qu’il s’attache là, quelles que soient les apparences, à de purs accessoires où il ne trouvera rien pour infirmer les réflexions qu’il a le droit de faire dès à présent. La Grande-Bretagne en son gîte et en son essence est où nous l’avons montrée, c’est-à-dire dans cette aristocratie qui règne aussi bien sur les localités que sur l’état. Quoi qu’il en soit, nous allons poursuivre cet exposé fastidieux ; mais regardez bien ces pouvoirs locaux, tels qu’on vient de les décrire dans le comté anglais. Vous ne les reverrez nulle part avec cet épanouissement, ni dans les bourgs, ni en Écosse, encore bien moins dans les paroisses et dans l’Irlande.


II

C’est peu de chose que les bourgs ou corporations. Quelles que soient leurs attributions, ces localités figurent comme une exception clair-semée sur la carte de l’Angleterre et du pays de Galles. Quand lord John Russell présentait au parlement le bill de réforme municipale, il n’en comptait pas plus de cent quatre-vingt-trois, avec une population de deux millions d’habitans[1]. À cet égard, le bourg est moins que le comté : c’est autre chose surtout. Là, rien ne ressemble aux pouvoirs du comté, confus et souverains comme nous les avons vus entre les mains des juges de paix : tout se divise, quelquefois pour s’étendre et se détailler, mais eh général pour se borner.

Tout d’abord c’est l’administratif et le judiciaire qui ne tiennent plus dans la même main. L’administration passe tout entière à des représentans élus. Quant à la justice, il est rare qu’un bourg soit constitué avec cette plénitude suprême qu’on voit dans le comté. En général, il relève du comté pour la haute justice. Ce n’est pas qu’il n’ait aussi ses juges de paix, mais avec quel déchet de personnes et d’attributions ! Ici, ce magistrat, comme juge proprement

  1. Voyez Annual Register, 1835, page 242.