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de Limoges et lieutenant-général de la sénéchaussée, depuis député aux états-généraux. La réunion préparatoire pour les nominations complémentaires avait été fixée au 11 août 1787, mais le 8 survint l’arrêt du parlement de Bordeaux qui défendait à l’assemblée de se réunir. L’intendant de Limoges était alors M. Meulan d’Ablois, qu’on a vu en 1782 intendant de la Haute-Guienne[1], et si malmené par l’évêque de Rodez, M. de Colbert, pour avoir voulu s’opposer à la publication des procès-verbaux. Dès qu’il reçut signification de l’arrêt du parlement, il suspendit la réunion de l’assemblée et demanda des instructions : on hésita d’abord à Versailles, mais le président choisi par le roi, le duc d’Aven, s’étant déjà rendu sur les lieux, on se décida à passer outre, et la session s’ouvrit le 20 août par le discours habituel de l’intendant, commissaire du roi[2]. M. de Roulhac, qui, comme lieutenant de la sénéchaussée, avait reçu du parlement l’ordre de veiller à l’exécution de l’arrêt, protesta en cette qualité contre la constitution de l’assemblée ; cette formalité accomplie, il assista à toutes les séances. La session préliminaire ne dura que trois jours. Après avoir pourvu à toutes les nominations exigées par le règlement, l’assemblée se sépara en séjournant au 25 novembre. Cette seconde session n’eut pas lieu, et l’assemblée provinciale du Limousin ne se réunit que pour la forme. Outre l’opposition du parlement de Bordeaux, qui la frappait d’illégalité, on peut supposer que la mauvaise volonté de l’intendant y fut pour quelque chose. Dans une lettre adressée au ministre, M. Meulan d’Ablois insinuait que la pauvreté et les habitudes laborieuses des Limousins leur permettraient difficilement de quitter leurs travaux pour s’occuper d’intérêts publics, et il tint sans doute à prouver qu’il ne s’était pas trompé.

Parmi les membres désignés pour faire partie du tiers-état se trouvait le procureur du roi du bureau des finances. Cette charge étant de celles qui donnaient la noblesse, le bureau tout entier se réunit pour réclamer. Beaucoup de nouveaux anoblis avaient consenti, dans toutes les provinces, à se laisser ranger dans le tiers-état : il en eût été certainement de même à Limoges, si le gouvernement avait insisté ; mais, cette petite difficulté étant venue s’ajouter à la grande, on laissa pour le moment tomber le tout. Une dernière circonstance achevait de compliquer ces embarras. L’ancien duché d’Angoulême avait été fort maltraité lors de la formation des généralités. Il se divisait en trois fractions ; le Haut-Angoumois appartenait à la généralité de Limoges, le Bas-Angoumois à

  1. Livraison du 15 janvier 1862.
  2. Les procès-verbaux de l’assemblée du Limousin n’ont pas été imprimés ; j’ai eu recours à l’obligeance de M. Maurice Ardant, archiviste de la Haute-Vienne.