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pour la réduction du prix du sel. Une question qui est encore aujourd’hui à l’ordre du jour, celle du reboisement, avait occupé l’attention de plusieurs bureaux. « La disette de bois dans la province est d’autant plus fâcheuse qu’elle tourne rarement au profit de la culture. Il est reconnu que des territoires de montagne aujourd’hui inutiles pourraient se couronner d’arbres. » Le rapport se terminait par quelques détails sur les mines de charbon et sur la navigation : « Les mines de charbon, qui abondent dans le centre de la province, n’ont besoin que des soins des exploiteurs pour les garantir du feu, des inondations et des éboulemens. Ces charbons s’embarquent à Brassac, sur l’Allier, où la navigation est taxée par des péages et retardée par des obstacles dont il paraît essentiel de s’occuper. Il se construit annuellement, aux environs de Brassac, deux mille bateaux destinés pour Paris. »

La grande affaire, en Auvergne comme partout, était l’augmentation demandée pour les vingtièmes. Le rapport sur cette question fut présenté encore par La Fayette au nom d’une commission spéciale que présidait l’évêque de Saint-Flour. Les vingtièmes payés par la province s’élevaient à 1,441,000 liv. ; mais le gouvernement avait estimé que cet impôt, régulièrement perçu, devait produire 2,038,000 livres, sauf à en déduire 231,000 livres, qui paraissaient pouvoir être mises à la charge des biens ecclésiastiques, et c’est sur ce pied qu’il avait annoncé l’intention d’accorder un abonnement. La réponse était nette et péremptoire : au lieu des 1,807,000 livres demandés, la province n’en offrait que 1,298,000, c’est-à-dire le revenu existant, déduction faite des frais de perception, « se réservant en outre de prouver par la suite que non-seulement un surcroît de taxes serait physiquement impossible, mais que la continuation des impôts actuels de l’Auvergne serait évidemment injuste et destructive. » A l’appui de ce refus, les calculs qui avaient servi au gouvernement pour évaluer le produit probable des vingtièmes étaient discutés en termes hautains et méprisans.

Louis XVI fit faire à cette délibération une réponse sévère. « Si l’assemblée d’Auvergne, y était-il dit, s’était bornée, comme elle le devait, à présenter au roi le tableau de la situation de la province et des faibles ressources qu’elle trouve dans son sol par le défaut de débouchés, le roi eût écouté avec bonté ces représentations, et sans croire entièrement à des détails exagérés que leur motif eût justifiés à ses yeux, il eût pesé dans sa sagesse jusqu’à quel point il pouvait être juste d’accorder à cette généralité une faveur qui ne tirerait point à conséquence vis-à-vis des autres ; mais que l’assemblée provinciale, oubliant le seul objet de sa mission, se permette, après que le roi lui a fait connaître les bases constitutives