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toire, à nous, dont cependant la délicatesse en fait de liberté n’est pas extrême. Le studbook des chevaux pur-sang et le herdbook des bêtes durham sont là pour prouver que la constatation officielle des généalogies commence à n’être plus négligée par les éleveurs habiles.

De combien d’élémens il faut tenir compte en pareille matière, et que de complications mal comprises par beaucoup d’hommes agissent puissamment sur l’avenir ! On sait par exemple que la taille des animaux augmente ou diminue avec la fécondité des terres et la valeur nutritive des plantes : les bêtes de forte taille consomment moins de fourrages, eu égard à leur poids, que les bêtes de taille plus petite. Ne semble-t-il pas ressortir de ces circonstances que l’on a toujours intérêt à entretenir sur le domaine des animaux aussi grands qu’il est possible ? Eh bien ! le contraire peut devenir vrai pour les races de moutons à laine fine, car alors le développement en taille de chaque bête augmente moins la surface tondue, et par suite le poids total de la laine, que ne le fait l’accroissement en nombre du troupeau.

Parmi les causes qui doivent influer sur le caractère du produit obtenu, nous aurions tort de négliger l’âge des reproducteurs. Les parens déjà vieux ne procréent pas d’ordinaire des petits très sains et surtout très beaux ; ceux-ci rappellent presque toujours par quelques traits fâcheux la vieillesse des ascendans. Que si l’on veut obtenir des bêtes robustes, capables de résister aux fatigues d’un long travail ou à d’autres mauvaises conditions, il sera prudent toujours d’employer un étalon qui se trouve encore dans la plénitude de sa force ; mais s’il s’agit de bêtes destinées à produire de la viande ou du lait, on donnera la préférence à un mâle encore jeune, parce que ses fils seront plutôt un peu lymphatiques, un peu mous de tempérament, et par suite mieux disposés à cette tranquillité d’allures qui favorise si bien le développement de la graisse et la sécrétion du lait. Quant aux formes des reproducteurs, tout le monde en apprécie l’extrême importance, car elles divulguent le plus souvent avec exactitude les qualités intimes, les aptitudes de la bête. C’est à force d’en examiner et d’en manier que les maquignons excellent à juger les chevaux ; or l’éleveur n’a pas besoin pour les accouplemens qu’il dirige de moins d’attention que le marchand pour ses achats. Aux étalons destinés à produire des bêtes de trait, il demandera une poitrine large, une encolure musculeuse, un corps un peu massif, des articulations solides ; chez ceux qui doivent donner des bêtes de bât, il recherchera une épine dorsale légèrement voûtée ; il préférera dans les races de boucherie une ossature mince, une peau fine, avec un grand développement de poitrine et la petitesse des membres. Du reste, c’est tantôt le père, tantôt la mère.